Drôle d’argument d’autorité

En poste en Bretagne depuis maintenant six mois, le Préfet Philippe Gustin s’est élégamment prêté ce 28 février 2024 à un interview pour « La Rennes Politique », un podcast du quotidien « Le Télégramme ».

Ce fut à l’évidence un échange très policé polissé.

Ce qui m’a frappé, c’est qu’avec une désarmante amabilité, Philippe Gustin n’a pas voulu concéder de « raté » en matière de maintien de l’ordre dans la soirée du 25 janvier 2024, qui a été caractérisée par de nombreuses dégradations dans le centre-ville de Rennes.

Curieusement, il en a parlé comme s’il n’avait pas grand-chose à voir avec la question… en déclarant posément : « Je ne me permettrai pas de dire qu’il y a eu un raté », avant  d’ajouter en toute candeur : « C’était ma première manifestation de ce type-là. Nous agirons sans doute différemment demain ».

Dont acte : c’est bien dommage pour un Préfet de territoire, mais Philippe Gustin (qui n’a que 63 ans et n’a occupé qu’une vingtaine de postes depuis qu’il a choisi la préfectorale il y a une vingtaine d’années) n’a guère été confronté à ce genre de question jusqu’ici, puisqu’il a presque toujours exercé ses fonctions en cabinet.

Quoi qu’il en soit, j’ai plus particulièrement adoré ce passage :

  • Comment avez-vous pris toutes ces critiques ?
  • C’est le métier, voilà… c’est le métier »
  • en philosophe ?
  • Oui, oui oui… en philosophe, et puis je fais toujours mienne cette phrase de Camus : « ne pas nommer les choses, c’est ajouter du malheur au monde »

Je me permets quand même de faire observer que Camus n’a jamais prétendu cela, puisque ce qu’il a soutenu en réalité, c’est que : « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur de ce monde », ce qui n’est bien évidemment pas du tout la même chose.

Je me risquerais bien à dire que mal citer les grands auteurs, c’est risquer d’ajouter de la confusion au monde… mais peut-être allez-vous dire que j’exagère ?…   😂

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