Et on appellerait ça du journalisme ?…

Certes, je peux être critique à l’égard des trop nombreux pseudos journalistes qui exercent aujourd’hui – notamment pour le compte du quotidien Ouest-France – mais je ne peux pas ignorer l’excellent article qu’Olivier Berrezai a publié ce jour dans ce quotidien sous le titre : « A Rennes, une nouvelle école de journalisme à la rentrée 2024 » (clic)

De quoi s’agit-il ?…

Sous l’enseigne de « l’Institut Européen de Journalisme » (une marque un tantinet ronflante qui a été déposée à l’INPI tant qu’à faire), la SASU « Mediaschool Rennes » créée en 2017 avec un capital social de 3.000 € (qui ne mange pas de pain) va proposer en 2024 à Rennes un enseignement destiné à « former de futurs journalistes, des experts médias, des professionnels du journalisme, des journalistes, en se donnant pour objectif premier d’être en phase avec les besoins du marché et les attentes des rédactions TV, Radio, de presse écrite ou encore de presse web ».

J’ai bien noté que, selon Olivier Berrezai : si la formation est reconnue par l’État, elle ne fait cependant pas partie de celles qui sont reconnues par la profession.

J’ajoute en ce qui me concerne que la société « Mediaschool Rennes » ne me parait pas spécialement prédestinée à garantir ce que l’on peut attendre du quatrième pouvoir.

Je prends quelques exemples.

  • la première décision de l’associée unique au cours de « l’assemblée générale mixte ordinaire et extraordinaire du 28 février 2022» a été de supprimer de ses statuts l’établissement d’un rapport de gestion, au motif que la société Médiaschool Rennes n’était qu’une « petite entreprise »
  • ah, je risque d’oublier : l’associée unique, c’est la société « Learning Management Developpement » domiciliée à Paris dans le 16ème arrondissement, qui est elle-même une SASU (une société à associé unique) qui doit diriger une trentaine d’entreprises
  • la décision (de l’associée unique) en date du 20 janvier 2023 portant sur l’affectation du résultat de l’exercice clos le 31 août 2022 a été de verser à l’associée unique 150.000 € à titre de dividendes sur les 315,537,50 € de bénéfice distribuable (on n’est jamais si bien servi que par soi-même)

On comprend beaucoup mieux tout cela lorsque l’on consulte la cartographie de la société :

En effet, lorsqu’une société est créée il faut déclarer les personnes physiques qui la contrôlent.

Dans le cas d’espèce, on ne peut pas masquer qu’une bienheureuse bénéficiaire (indirecte, évidemment !…) se trouve être Marie-Jeanne Meyer, née Louis-Dreyfus (81 ans) qui détient à elle seule 33,14 % des votes.

Pour mémoire : en mars 2015, sa fortune était estimée à 1,25 milliard d’euros et, selon le magazine Challenges, elle détenait en 2021 la 97ème place dans le palmarès des plus grosses fortunes de France.

5 commentaires

  • Beauverger

    Toujours excellent !

  • mounier

    reconnue par l’Etat ? les diplômes ne sont pas nationaux (le titre de Bachelor n’existe pas dans l’enseignement supérieur et ne veut rien dire) mais par contre sont chers payés –
    (6900 euros/an) –

  • Patrick Jehannin

    Merci Chantal, pour ce complément d’information très bienvenu.

    Par « reconnue par l’Etat », il semble qu’il faille comprendre qu’à l’issue d’un bachelor, un candidat puisse « simplement » solliciter son enregistrement au « répertoire national de certifications professionnelles ».

    Voici la fiche correspondante : https://www.francecompetences.fr/recherche/rncp/34537/.

    Je me demande si ça n’exige pas d’en passer préalablement par un bachelor 4.

    L’IEJ indique que : « La licence et le bachelor concernent tous deux des niveaux Bac+3. La licence est un diplôme délivré par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, presque exclusivement par les universités, tandis que le bachelor mène à une certification professionnelle. Tous les bachelors de l’IRIS Paris préparent à l’obtention de certifications professionnelles, dont le niveau 6 de qualification est reconnu par l’Etat par enregistrement au RNCP. » et encore que : « La certification de « Journaliste » est enregistrée au RNCP depuis 2005 et correspond à l’évolution des besoins du secteur, en associant aux compétences fondamentales que sont l’analyse, le traitement et la diffusion de l’information, des compétences nouvelles tenant à l’écriture sur de nouveaux formats, l’utilisation des nouvelles technologies et une polyvalence favorisant la mobilité et l’employabilité du journaliste, ainsi que son adaptation à différents formats ».

  • MOUNIER

    réponse à P Jehannin je précise que j’ai travaillé à l’université pendant 30 ans – il y a confusion un bachelor serait pro et pas une licence ! quid des licences pro ? la demande forte de professionnalisation de l’enseignement supérieur s’est faite pressante depuis la LRU (= autonomie des universités) d’où l’obligation de joindre une fiche RNCP à tout dossier de demande ou de renouvellement d’habilitation d’un diplôme nationale. Il s’agit de mettre en évidence les compétences professionnelles VISEES par la formation, et potentiellement atteignables- ainsi que les métiers concernés dans la future vie active.
    Cette fiche RNCP est exploitée dans ce que je lis comme un label national or la fiche en question est basée sur le programme déposé en vue de l’ouverture de l’école. D’ailleurs le cas présent montre bien que la fiche RNCP a été acceptée AVANT tout début d’enseignement. Donc inutile d’en rajouter !

  • Patrick Jehannin

    Il ne s’agit évidemment pas du tout de la même chose.

    Je pensais que c’est à titre individuel que chacun avait à demander sa reconnaissance professionnelle, mais je comprends là que c’est la formation qui est certifiée.

    Dans le cas du journalisme, je me demande s’il ne faut pas par ailleurs obtenir une reconnaissance de la profession par la carte de presse.

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