Soyons sérieux

Je suis affligé par la polémique en cours concernant le « non départ » (sic) du Tour de France 2021 à Rennes, qui prend sa source dans le fait que la ville ne s’est pas portée – au débotté – candidate (de rechange) pour accueillir cet évènement.

Je n’ai pas la prétention d’épuiser le sujet, mais voici ma contribution :

  1. Ces 20 dernières années, un « Grand départ » sur deux a été effectué à l’étranger et je ne vois personnellement qu’avantage à ce que la future « grande boucle » démarre d’un point justement situé sur notre « chemin de ronde » : je me réjouis donc d’un 4ème « Grand départ » à Brest dont je me sens culturellement proche et économiquement solidaire
  2. C’est de mon point de vue faire un mauvais procès à la majorité municipale rennaise que de prétendre qu’elle a complètement changé son regard sur le Tour de France entre 2015 et aujourd’hui, car c’est confondre le « Grand départ » (une appelation marketing inventée par « Amaury Sport Organisation» qui couvre toujours les 3 premières étapes politiquement, administrativement et financièrement liées sous cet intitulé) avec un simple départ d’étape à propos duquel la ville de Rennes est bien candidate pour 2021 comme elle l’avait été en 2015
  3. Je n’oublie pas qu’après avoir pris le temps de la réflexion, la ville de Londres – qui sait de quoi elle parle puisqu’elle a accueilli le « Grand départ « du Tour de France en 2007 avant d’être ville d’arrivée d’une étape en 2014 – a décliné en 2015 la proposition d’être à nouveau ville du « Grand départ » en 2017… précisément pour des raisons budgétaires (je la cite) : « afin d’assurer l’optimisation des ressources, nous devons réaliser des choix difficiles ». J’y vois un exemple inspirant qui me parait contribuer à justifier que soient priorisés au niveau de la ville et de la métropole rennaises un certain nombre d’objectifs, il est vrai parfois plus écologiques que marchands
  4. Je suis extrêmement dubitatif sur les arguments qui voudraient que les retombées économiques de l’évènement soient largement supérieures à la dépense publique engagée. Je sais parfaitement ce qu’en disent les principaux acteurs pour mieux justifier leur choix, mais le rapport d’observations définitives de la Chambre régionale des comptes de Normandie consacré à la gestion de l’association « La Manche – Ouest Normandie Grand départ du Tour de France 2016» publié début 2018 – qui concerne le « Grand départ » du Mont Saint Michel – relativise beaucoup les choses. Je rapporte ici ce qu’en a retenu la Banque des Territoires ce qu’en a retenu un journaliste pour le  compte du quotidien Localtis de la Banque des Territoires (Caisse des dépôts et consignations) : « Par delà les dysfonctionnements et irrégularités pointés, la CRC a souhaité savoir si l’accueil du Grand Départ du Tour de France avait été une bonne affaire pour l’économie locale. Ici la réponse est une réponse… de Normand »
  5. Parce que je suis moi-même un enfant du peuple, difficilement réductible à l’état d’écolo-bobo tombé de la dernière averse, je n’ignore aucunement l’importance de ce genre d’évènement au regard du fameux « vivre ensemble » qui « fait société » dans les « territoires » (vous voyez que je ne suis pas complètement « has been » , ou en tous cas que je me soigne) mais – parce que je suis très attaché au bon fonctionnement de notre démocratie représentative – j’attends des élus de la majorité comme de l’opposition davantage de maturité qu’il n’en faut pour engager dans la plus grande précipitation une partie de billes sur du sable mouillé.

3 commentaires

  • Depuis la parution de ce billet, j’ai pris connaissance d’un second article de Jean-Damien Desay publié le 17 décembre 2019 dans le quotidien Localtis.

    Il commente la réponse apportée le 10 décembre 2019 par la Ministre des sports à une question écrite formulée par un député le 23 juillet 2019.

    Sur la base d’indications très ponctuelles et très disparates, il conclut que le Tour de France dans son ensemble est « un levier économique substantiel pour les collectivités », tandis que les seuls chiffres publiés sur les « Grands départs » concernent deux « Grands départs » à l’étranger… sans que l’on puisse rapporter les retombées économiques aux dépenses publiques engagées (très au-delà d’une redevance à l’ASO de 4 M€ pour Utrecht, et de 6 M€ pour Düsseldorf).

    Je reste complètement sur ma faim.

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