Pour une laïcité positive et inclusive
Je ne pense pas être suspect de connivence avec La République en marche.
Ce n’est donc pas sans une certaine gravité que j’approuve aujourd’hui l’intervention du Premier Ministre Edouard Philippe à l’Assemblée Nationale cet après-midi, en réponse à une question orale du député Jean-Louis Masson concernant cette « affaire » d’une maman voilée qui accompagnait des enfants au Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté.
Il me semble en effet qu’il est sain de rappeler qu’en l’état actuel du droit, les choses sont très claires, et je prétends qu’il est complètement fallacieux de laisser entendre qu’il existerait un vide juridique.
Les parents d’élèves ne sont pas concernés par l’interdiction de port du foulard que l’on appelle aussi le voile (pas davantage que les fournisseurs, par exemple) … ni à l’intérieur, ni à l’extérieur des établissements scolaires, de même que les citoyennes ne sont pas concernées par l’interdiction de port du voile… ni à l’intérieur ni à l’extérieur de l’enceinte d’un Conseil Régional par exemple (sachons faire la différence : je ne parle ni de la burqa ni du niqab, je parle évidemment du hidjab)
Par ailleurs, s’il n’est pas interdit de changer la loi, j’estime pour ma part que cela n’est pas opportun.
De mon modeste point de vue, j’estime que le respect d’autrui exige que la laïcité soit fondamentalement positive et inclusive.
Aller contre ces principes me parait relever d’une conception aussi passéiste que laïcarde de la laïcité, de surcroît contre-productive.
Ce serait, à mon humble avis, très certainement le meilleur moyen de radicaliser les positions des uns et des autres et par conséquent de compromettre les chances de dialogue, de convergences et au bout du compte d’entente.
Je me permettrais pour une fois d’être en total désaccord avec mon ami Patrick.Quitte à paraitre ,comme il le dit un laïcard passéiste et « exclusif »,j’estime que les mères d’élèves voilées qui accompagnent les enfants lors des sorties scolaires sont de facto participantes du projet éducatif dont un des fondements est la laïcité telle que définie par la loi de 1905.Pour moi,élève de l’enseignement catholique ,qui ai subi de la 6ème à la terminale ,l’enseignement des Frères Lamennais après avoir dû subir ,en primaire ,celui d’un vicaire instituteur,l’école laïque est fondamentale.Pour moi qui ai dÛ affronter,alors que j’étais professeur de Lettres,la contradiction d’élèves musulmans qui voulaient m’interdire d’étudier des textes de Voltaire,Diderot et d’autres Encyclopédistes,je sais que depuis l’affaire de Creil et la retraite en basse campagne des gouvernements Jospin et consorts,les musulmans militants n’ont d’autre préoccupation que de faire reculer,petit à petit les fondements laïcs de notre République et de notre système éducatif,Aucune tolérance n’est acceptable.Chaque recul est une défaite et bientôt peu à peu tout le monde justifiera l’exécution des journalistes et des dessinateurs de Charlie.Il n’y a que les naïfs qui n’ont jamais été confrontés à l’islamisme militant pour accepter ,voire justifier,les dérives actuelles.Oui,Mr PLESNEL,je suis islamophobe et même religiophobe car toute religion est porteuse de sectarisme,d’intolérance et de domination car chacune se croit porteuse de la seule Vérité,de la même façon que je suis anti fasciste,anti stalinien,anti communiste dans la mesure où le communisme se prétendrait porteur de la Vérité.Qu’est ce que cela veut dire une laïcité inclusive? Celle de Mr SARKOZY,chanoine de Latran affirmant que le rôle d’un prêtre est supérieur à celui d’un instituteur.?Celle de Mr MACRON voulant,devant un parterre d’évêques restaurer le lien distendu entre la République et l’église de France? Celle de tous ceux qui prônent une laïcité ouverte et qui considèrent que lefait de se moquer d’une religion est un blasphème?
Les athées,voire ceux qui ne savent pas s’ils croient ou s’ils ne croient pas exhibent-ils des signes distinctifs?
Comme aurait dit le remarquable Pierre DESPROGES,j’exprime ici ma hargne et mon courroux..coucou!!!contre un sujet qui m’exaspère;
Daniel MARTIN
Hi, Daniel
Je découvre que nous avons en commun l’oeuvre des Frères Lamennais. 😉
En ce qui me concerne, ils m’ont eu à charge du tout début de ma scolarité jusqu’à la troisième incluse, soit 8 ans.
Tu viens de faire remonter quelques souvenirs !… Je me rappelle que vers l’âge de 10-12 ans, mes petits camarades m’avaient envoyé les représenter à Rome pour je ne sais quelle occasion : rien que ça !… Il faut dire que les Frères m’avaient préalablement désigné comme étant l’élève le plus méritant. Alors, la suite allait de soi… 🙂
Figure-toi qu’au passage du bon Pape Jean XXIII dans les couloirs du Vatican, ses sbires n’ont rien trouvé de mieux à faire que de me hisser jusque dans ses bras, tout là-haut sur la chaise à porteurs. Je confirme : la vue est exceptionnelle !… 😉
J’ai donc connu l’ivresse des cîmes, mais je précise s’il en est besoin qu’à l’époque je ne portais pas encore la barbe qui aurait pu être interprétée comme un signal faible de radicalisation. Bien à tort : tu me connais… 😉
Je suis donc d’accord avec Martin…
Parfaitement d’accord avec Martin, aucune tolérance n’est acceptable dans le combat contre l’islamisme. Le seul combat qui doit nous animer c’est le respect des valeurs républicaines dont le Maître mot est la LAÏCÍTÉ
Il est très dangereux de partir au combat sur des malentendus.
Je ne parviens pas à admettre que chacun puisse avoir, et surtout que chacun cherche à imposer sa conception personnelle de la laïcité.
Commençons par bien nous entendre sur ce qu’est très exactement la laïcité dans notre Etat de droit.
Monsieur Martin quel amalgame derrière des valeurs que je partage. je suis un laïque convaincu et je milite depuis très longtemps, mon âge aidant, sans confondre le fait religieux et l’extrémisme religieux. ce n’est pas de la tolérance excessive que de ne pas se livrer à des interprétations de la loi pour lui faire dire ce qu’elle ne dit pas. la loi n’est pas faite par la foule et l’ochlocratie est bien pire que l’anarchie, car elle commande de manière réactive sans hauteur de vue! Dans votre propos je partage la nécessité d’une autorité à l’école qui ne laisse pas aux élèves le droit de faire, en classe, ses choix d’apprentissage. En revanche je souhaite que la vie citoyenne se poursuive dans la liberté de la rue. Une maman qui accompagne bénévolement des élèves à la demande des enseignants qui ne pourraient pas organiser des sorties scolaires, n’assiste pas un enseignement et n’est qu’un auxiliaire de sécurité. A ce toitre elle reste un bénévole et une citoyenne qui aurait le droit et al liberté de rentrer dans la partie publique d’un Conseil, municipal départemental ou régional, sans avoir à s’astreindre à une laïcisation vestimentaire. Ce n’est pas de la tolérance c’est du droit. Ce n’est pas un recul c’est une liberté individuelle fondamentale. Alors prendre vos exemples justifier pour justifier la voie de fait dont cette maman a été victime, est à mes yeux un amalgame et une justification de toutes les violences. je me méfie beaucoup des « anti tout » qui finissent par être aussi intégristes que ceux qui portent les excès inverses. Je vous laisse donc à votre colère dont on dit qu’elle est si mauvaise conseillère…mais je vous salue respectueusement.
Je duplique ici un échange sur FaceBook que je trouve intéressant :.
Eloïse LE Roux :
Si on ne pouvait plus voir le moindre signe religieux dans une république laïque, ce serait beaucoup mieux pour tout le monde et on irait vers l’apaisement. La Tolérance n’a rien à voir avec la laïcité. Il faudrait revenir sur la définition première du mot « Laïcité » qui pour moi est très fort et qui ne comprends pas le côté « positif et inclusif » qu’on lui accole.
Jean-Yves Desdoigts :
Mais la loi de 1905 est une loi de tolérance. Et qui ne comporte aucun interdit vestimentaire.
D’autre part, je ne confond pas laïcité et intégrisme laïcard. C’est toute la question soulevée par cette histoire de voile, et ce n’est pas un hasard si l’effervescence actuelle résulte d’une action d’un élu d’extrême-droite.
Patrick Jehannin :
Bonjour, je ne suis pas d’accord avec cette conception de la laïcité qui s’éloigne en outre très largement de sa définition légale.
C’est factuel : en l’état du droit sur le sol français, les principaux fondements de la laïcité sont la Déclaration des droits de l’Homme de 1789, la Constitution de 1958 et la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat… ainsi que la loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics (je fais ici l’impasse sur les établissements scolaires privés). On pourrait y ajouter la jurisprudence du Conseil d’Etat…
Et les faits sont têtus : ces fondements sont bien positifs et inclusifs.
Eloïse LE Roux :
Je ne dis rien lorsque je vois une femme porter le hidjab mais je n’en pense pas moins mais j’ai la même réaction quand je vois une kippa ou une croix trop visible. Mon fils a vu arriver dans son service, une jeune fille portant le foulard, il lui a dit à peu près ce que j’ai écrit auparavant en rajoutant qu’elle devait aussi accepter les règles établies applicables à tous.
Patrick Jehannin :
Précisément : les règles établies et applicables à tous sont aujourd’hui très claires. Par contre, elles ne sont à l’évidence pas bien assimilées. Je pense que dans la majorité des cas, c’est qu’elles ne sont pas comprises et que dans les autres, c’est qu’elles ne sont pas admises.
Pour approfondir la question avec humilité et sang froid, je suggère la lecture de l’avis du Conseil d’Etat du 19 décembre 2013.
Lorsque j’étais enseignante en primaire, si une maman portait une croix visible, nous lui demandions de la cacher sous son pull, ce qu’elles faisaient volontiers. Aucun papa de confession juive n’est jamais venu avec sa kippa et nous n’avions pas non plus de bonnes sœurs accompagnatrices !
Parce que, à l’école, l’esprit est laîc, dedans et autour !
Un vêtement, c’est différent : un sari, un boubou, un baggy, une mini-jupe… ce sont des choix régionaux. En revanche des signes cultuels ne doivent pas apparaître dans les institutions de notre République, c’est ainsi.
Cette dame « Fatima (sans nom… pourquoi ?) » a tout de suite mis en cause « la République », preuve qu’elle n’est pas si innocente qu’elle veut bien le dire.
Si on ne doit pas faire de généralités dans le sens islam/laïcité, on ne devrait pas le faire non plus dans l’autre sens.
Nous ne traitons pas ici de simples coutumes, mais de mentalités, ce qui est bien plus porteur de message il me semble.
Je conviens bien volontiers que l’expression des convictions religieuses doit être rigoureusement encadrée pour garantir le respect des croyances des uns et des autres, car ces choses-là ne se régulent évidemment pas toutes seules : ni à l’école, ni ailleurs.
Mais si l’on veut vraiment que la laïcité transcende tous les courants de pensée, nous avons à mon avis le devoir de faire en sorte qu’elle demeure profondément tolérante pour ne pas risquer de devenir bassement totalitaire.
Pour compléter l’approche, voici un peu de lecture : http://www.islamophobie.net/2019/10/15/entretien-exclusif-avec-fatima-e-je-ne-voulais-pas-craquer-devant-les-enfants/
Je ne suis pas Facebook sans doute mon côté ringard et laicard sectaire .Mais ce n’est pas parce qu’un élu FN a réagi brutalement à Dijon que je me laisserai identifier à ce personnage. Amalgame trop simpliste et trop facile.Je constate que les personnes qui sont plutôt d’accord avec moi sont ou ont été enseignants tout simplement parce que l’Ecole est le dernier rempart et que depuis Jospin, Lang et la démission de Creil on fait tout pour qu’elle ne puisse jouer ce rôle. Devenons tous comme le personnage du roman de Houellebecq SOUMISSION.
Bon courage pour votre futur pèlerinage à La Mecque
Daniel MARTIN
Hi, Daniel… Je te connais suffisamment pour ne pas risquer de t’identifier à un élu du FN. Mais, sur ce sujet, je ne vois strictement aucune différence entre tes propos et ceux du Rassemblement National. De ton point de vue, y en a-t-il ?…
À titre personnel j’approuve le contenu de ce billet à 100 % et j’ai apprécié également la mise au point d’Édouard Philippe à l’assemblée.
Qui oserait dire à Mme Latifa Ibn Ziaten, douloureuse victime du terrorisme islamiste, chevalier de la Légion d’honneur, récipiendaire du prix international Femme de courage, qu’elle n’est pas profondement, admirablement républicaine ? Son seul exemple suffit à mes yeux à relativiser la question du port du foulard.
Cette réponse est pertinente mais elle ne justifie en rien le port du foulard dans le cadre d’une activité scolaire J’ai beaucoup de respect pour cette dame et pour sa religion mais je persiste à dire que le foulard n’a rien à faire à l’école. La disparition des emplois aidés et des assistants d’éducation laisse la porte ouverte aux associations notamment musulmanes
Faut-il que nous ayons à ce point peur pour notre République et pour nos valeurs ? Que nous ayons à ce point peur pour les enfants qu’une femme portant foulard accompagne simplement ? Sommes-nous à ce point menacés ? La société française est-elle en train de se convertir à l’islam ? Je ne le crois pas. Prenons garde à ce qu’une partie de nos concitoyens se sente pas ostracisée. Ne nous laissons pas manipuler par ceux qui ont de sombres desseins. Voilà ce que je crois pour ma part.
Je ne crois pas que la société française soit en train de se convertir à l’islam. Je crois qu’au nom du relativisme et d’une tolérance mal comprise elle est en train de se soumettre au fanatisme religieux le plus inquiétant que nous ayons à affronter.Mais hélas on a oublié l’esprit des LUMIÈRES
Daniel MARTIN
Je suis en parfait accord avec les propos mesurés de Michel Deshayes.
Pour mettre un terme en ce qui me concerne à la polémique qui enfle et prend des proportions excessives et entraîne des amalgames regrettables je tiens à apporter quelques précisions :à aucun moment, dans mes propos je n’ai justifié l’inadmissible agression par un élu du RN de cette mère de famille voilée mais respectable quelle que soit sa religion.J »ai simplement exprimé mon point de vue de militant laïque et de prof retraité ayant connu et vécu en tant qu’eleve et en tant d’enseignant les excès et les dérives d »au moins 2 religions.Je pourrais évoquer comme Mr Bossard mon âge et mon passé de militant mais ce n’est pas un argument recevable
Je suis hostile à tout fanatisme. Or je suis bien obligé de constater que le fanatisme est le propre de toutes les religions et de nombreuses doctrines politiques
Contre ces fanatismes le principal remède c’est l’Ecole et la philosophie des Lumières qu’elle devrait développer
Libre à vous d’utiliser des raccourcis regrettables pour me ranger dans une catégorie simpliste et de vous ériger en donneurs de leçons parce que je ne pense pas comme vous Je préfère donc me retirer du débat
Cher M.Martin,
Je ne vous connais pas mais je suis persuadé de la respectabilité de votre pensée, nourrie des valeurs républicaines et aussi de votre expérience de la vie. Je suis absolument convaincu qu’il n’y a aucun amalgame à faire entre vous même et qui que ce soit. Vous êtes vous-même, avec votre liberté de penser et de vous exprimer, point barre.
J’ai retenu pour ma part du billet de Patrick Jehannin le rappel de ce que dit la loi et le conseil d’État d’une part , et la nécessité, même si nous devons faire parfois un peu violence à nos convictions profondes, de ne pas mettre à mal la devise républicaine liberté-égalité-fraternité qui est mise à l’épreuve encore une fois A la grande satisfaction des extrêmes qui se plaisent à souffler sur les braises de la haine. Nous ne devons pas tomber dans leur piège.
Si je « défends » le foulard, c’est au nom de notre belle devise républicaine. Dès lors bien entendu que la personne qui le porte respecte elle-même la loi et les principes de la République. Je n’ai pas entendu dire que cette accompagnatrice scolaire bénévole les avait enfreints. Quant aux enfants, je ne crois pas que la vue d’un foulard puisse les influencer ou les traumatiser. On serait sans doute surpris de leurs réponses à ce sujet. Il y a assurément de pires dangers que celui-là.
Michel Rocard disait » Quand on respecte les gens , je ne connais pas d’exception au fait qu’ils vous le rendent formidablement ». Alors mon rêve, utopique sans doute, est que l’esprit de fraternité l’emporte : que nos concitoyens de confession musulmane qui le désirent vivent leur foi en toute liberté et qu’en même temps ils soient les ardents défenseurs de notre République face aux extrémismes. Je crois que les deux sont conciliables, même encore une fois si cela demande des efforts de la part de chacun de ne pas penser à la place de l’autre.
Voilà ce que je crois. Je ne prétends pas détenir la vérité. Je pense que l’on accorde une importance exagérée à cette histoire et que nous faisons trop d’honneur à cet élu du rassemblement national qui etait un sombre inconnu jusqu’à présent. J’ai aussi cette idée que la guerre d’Algérie n’est pas si loin (une soixantaine d’années, ce n’est rien), que notre société en est encore largement imprégnée, et que bien des erreurs et des injustices ont été commises. Je ne porte pas de jugement car ces choses-là sont compliquées mais je crois que c’est un fait établi.
Je vous adresse, cher Monsieur Martin, mon salut fraternel et respectueux.
Je me souviens qu’un sociologue a écrit que c’est en déniant les rêves qu’ils s’inversent en cauchemar…
Je poste ici un lien vers (de mon point de vue) une excellente intervention de Christiane Taubira : https://www.youtube.com/watch?v=LqR2Sf6xgbc