Une incroyable malhonnêteté intellectuelle

Je m’étais jusqu’à présent gardé d’intervenir sur le mouvement des gilets jaunes.

Je pense qu’il faut en effet faire preuve d’un minimum de pudeur quand on n’est pas soi-même parmi les plus à plaindre. Mais, après la révoltante intervention du Président de la République, hier soir, je ne peux pas aller jusqu’à m’interdire d’exprimer ma solidarité avec ce mouvement.

Voici ce que je pense des annonces à caractère économique :

  • Je dénonce le fait de porter à croire en une hausse significative du smic au 1er janvier 2019, alors qu’en dehors de l’augmentation légale et programmée de 1,8 % (soit environ 20 euros), il ne s’agit que d’un bricolage sur une prime qui demeure à l’écart du calcul des droits à retraite : la prime d’activité, dont la progression déjà prévue n’est en réalité qu’avancée de 2 ans
  • Je dénonce l’idée que la suppression de l’augmentation de la CSG qui a été annoncée va profiter aux plus modestes, puisque du fait de leurs revenus, de l’ordre de 50 % des retraités – précisément les plus modestes – n’avaient pas été soumis à cette augmentation et ne verront donc pas la couleur de sa suppression : ça ne change strictement rien par exemple pour une personne seule ayant un revenu fiscal inférieur (voire très inférieur) ou égal à environ 1.200 euros mensuels, ni par exemple pour un couple de retraité dont le revenu de référence est inférieur (voire très inférieur) ou égal à 1.837 euros par mois, les uns et les autres étant pourtant frappé par ailleurs par le gel des pensions.
  • Je dénonce l’appel au versement d’une hypothétique prime *exceptionnelle*, laissée à la discrétion des employeurs, sans même que l’Etat pourtant lui-même employeur pense à donner l’exemple : c’est mettre encore plus en difficulté les employeurs déjà dans la difficulté et c’est offrir aux plus aisés un formidable effet d’aubaine du fait de la défiscalisation des sommes en jeu
  • Je dénonce la manière de jouer au yoyo avec la fiscalité des heures supplémentaires, comme si ça pouvait continuer à être le fait du Prince : un coup c’est oui, un coup c’est non, un coup à moitié oui, un coup à moitié non, au gré des besoins de communication des gouvernants qui se succèdent

Je dénonce tout cela, en observant de surcroît que ces mesures seront financées par l’impôt de Monsieur et Madame tout le monde (enfin, pas tout-à-fait tout le monde pour être précis) ou/et par la réduction des moyens des politiques publiques… puisque le véritable objectif est de ne toucher ni aux profits des grosses entreprises ni au standing des grosses fortunes.

J’en termine en disant que prendre à ce point les gens pour des imbéciles relève du grand art.

Du grand art servi par un discours à mon sens beaucoup plus emphatique que sincère, que j’ai entendu prononcer sur le ton que l’on apprend à adopter quand on fait du théâtre au lycée…

A ce niveau de responsabilités, je trouve cela très moyen.

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