Confessions d’un Gallécopain
François (le prénom a été changé) – 50 ans, Ingénieur Telecom issu de l’INSA, qui vient de terminer il y a quelques mois une maîtrise en administration des affaires après avoir dit-il exercé en qualité de responsable marketing dans le « monde du business » pendant 25 ans, fait partie des quelques personnes réellement investies dans le dispositif de monnaie locale aujourd’hui porté par l’association Galléco.
Voici quelques extraits du verbatim de son entretien du 18 février 2016 avec Arthur Jan, qui a été publié dans :
La monnaie locale d’Ille-et-Vilaine
Au carrefour de l’action publique et du monde associatif
Mise à l’agenda, gouvernance et registres d’engagement dans le « Galléco »
mémoire de Sciences Po Rennes (4ème année)
Devoir de vacances :
Là, depuis que je suis en vacances depuis quelques mois, je suis presque à mi-temps pour le Galléco. J’y suis tous les jours, de 2 à 8 heures par jours. Je fais partie des bénévoles les plus actifs.
Réaliste :
Globalement, les gens qui veulent adhérer au Galléco sont tous éligibles. Ceux qui veulent rentrer pour faire du business se trompent, parce que leur CA ne va pas augmenter, cela a été démontré. Dans la situation actuelle où c’est marginal en volume, ça ne va rien leur rapporter de plus.
Tolérant :
Pour la sélection des entreprises, cela ne pose pas vraiment de problème. Moi je serais pour toutes les accepter. Je pense que plus il y a aura de monde à accepter le Galléco, mieux ce sera. Il faut faire un petit peu attention, mais franchement…
Epris d’efficacité :
Donc moi je trouve ça rigolo de discuter avec les gens dans la rue, en revanche, la méthode qui consiste à discuter avec les gens dans la rue pour qu’ils adhèrent au Galléco, c’est une perte de temps considérable. Si on était dans une entreprise et qu’on payait des gens pour le faire, cela ne serait pas possible. Parce qu’on passe des journées entières à convaincre 5 personnes. En terme d’efficacité c’est nul.
Légèrement dirigiste :
le Conseil Général a lancé ce projet, mais depuis ils se sont arrêtés, ils ne font plus rien en dehors de donner de l’argent. Pourtant, au Conseil Général il y a 4000 employés. Ils donnent des subventions par millions, dizaines de millions, à des entreprises et associations qui disent travailler dans l’ESS. Selon moi, quand une entreprise travaille dans l’ESS, le CG devrait leur donner 20% (ou 10%, le montant serait à définir) de leur subvention en Galléco. Et s’ils refusent, on ne leur donne pas de subvention.
Formel :
Aujourd’hui, on a quand même réussi à faire une société où il y a plein de gens qui travaillent, et qui ne servent à rien. Par exemple, au CHU, il y a des gens qui bossent, ils lavent du linge propre, et ils sont payés pour le faire. C’est un exemple de dysfonctionnement de la société. Aujourd’hui, à vouloir avoir le plein emploi pour tout le monde tout le temps, on en amène à payer des gens à faire des choses qui ne servent à rien, pour diminuer le chômage. Il serait préférable de les payer à ne rien faire que de les payer à faire des choses inutiles qui polluent.
Repentant :
L’hyper-consommation m’a toujours un peu choquée. Par exemple, tous mes amis, ont de grandes maisons avec piscines et des résidences secondaires. Ils ont fait le même métier que moi pendant 25 ans. Leur souci, c’est quel bateau ils vont pouvoir acheter l’année prochaine, un peu plus grand. Moi je n’ai jamais été comme ça, j’avais cela dans les gènes. Cela s’est vraiment révélé quand j’ai repris les études, j’ai fait un mémoire, j’ai réfléchi, je me suis posé des vraies questions, parce que je me suis donné le temps pour le faire. Avant je n’avais pas le temps, parce que je bossais du matin au soir, puis le soir j’allais au restaurant, et puis après j’allais en week-end, ma vie était remplie d’une multitude de choses et je ne réfléchissais à rien. C’était très agréable, il ne faut pas le renier.
Et de conclure sur le profil des utilisateurs du galléco :
Il y a de tout. Il y a beaucoup de bobos, il n’y a pas de pauvres, de gens des quartiers défavorisés. Parce que l’inconvénient d’une monnaie locale, c’est qu’il faut déjà avoir les euros avant d’avoir le Galléco, donc ceux qui n’ont pas d’argent n’auront ni l’un ni l’autre.
Pour un aperçu plus complet du point de vue de Frédéric alias François, et de manière plus globale du mémoire d’Arthur Jan, je ne peux qu’inviter à prendre connaissance du document qui se trouve au bout de ce lien.
PS : j’ai adoré la précaution prise page 110 pour masquer l’identité de F. avant de la révéler sans ambiguïté dans la liste des entretiens de la page 126 😉
Pour aller plus loin : ma contribution à l’évaluation du galléco (102 articles – 6 Mo)
C’est affligeant. Et consternant pour ce François/Frédéric qui semble avoir conservé certains idéaux, pourtant il se prête à cette mascarade. Décidément le Conseil Départemental fait preuve de légèreté et c’est surtout son président M. Chenut, qui va passer pour un charlot.
Je suis quand même un peu surpris qu’à l’âge de 50 ans, après plus de 3 ans d’études – fort onéreuses – terminées en 2015, on puisse s’afficher en février 2016 « en vacances depuis quelques mois« , près de 4 ans après avoir pris l’air… mais c’est peut-être de l’humour de néo-consultant à la recherche de contrats.
Vous avez dit bobos ?…