Comment ne pas être « étonnés » ?
Je publie ce coup de gueule de Daniel Martin à propos de la prochaine fête du rugby, en m’associant à son « étonnement ».
Les 17 et 18 juin prochains ce sera la fête du rugby à Rennes : les demi finales du Top 14 auront lieu au Roazhon Park. La municipalité a autorisé les bars à ouvrir jusqu’à 2H du matin. Les supporters clermontois et toulonnais, ceux de Montpellier ou de Castres, du Racing Métro ou de Toulouse (texte écrit avant les barrages) seront de la partie. Tant mieux pour Rennes, pour les commerçants rennais, pour l’économie locale, pour ceux qui pourront assister à ces matches.
Ceux qui s’intéressent un peu au rugby doivent penser que le club local, le REC RUGBY a été associé à la préparation et à l’organisation de l’évènement. Certes, de jeunes joueurs du REC RUGBY participeront à des animations organisées Place du général de Gaulle. Mais l’organisation et la répartition des places ont été négociées entre la L.N.R. (Ligue Nationale de Rugby) et son Président d’une part, la Maire de Rennes, son adjoint aux sports et le directeur du Stade Rennais Football club d’autre part. A aucun moment les dirigeants du REC RUGBY n’ont été invités à participer à ces réunions. Ainsi le club de rugby le plus ancien de Rennes (bientôt 60 ans d’existence) qui compte régulièrement entre 400 et 500 licenciés, qui accueille des enfants autistes, qui a été sollicité pour intervenir dans un quartier difficile afin d’y sensibiliser les jeunes aux valeurs du rugby s’est-il vu octroyer exactement 41 places payantes pour chaque match, places que son président a transmises à ses partenaires économiques, rigueur budgétaire oblige…
Qui a obtenu les milliers de places à vendre en dehors de celles attribuées aux clubs demi finalistes et aux partenaires de la LNR : le directeur du Stade Rennais Football Club qui pourra en tirer un maximum de bénéfices !
On aurait pu penser qu’au moins le REC RUGBY et les clubs de rugby de la métropole rennaise (Bruz, Le Rheu, Acigné, Melesse) obtiennent quelques places gratuites pour honorer quelques dirigeants et bénévoles. Que nenni ! Sans doute y aura-t-il des invitations distribuées à des élus et à des V.I.P. dont certains ne connaissent rien au rugby mais qui pourront parader, une coupe à la main, dans les loges réservées. A la limite, que les élus habitués à ces invitations, réceptions, …puissent en bénéficier, pourquoi pas tant que cela reste une forme de compensation à leur investissement et à leur mission et tant que cela ne relève pas de pratiques lobbyistes.
Mais, que ces élus qui nous abreuvent de déclarations ronflantes sur la citoyenneté, l’engagement et la participation à la vie associative n’aient même pas pensé que, peut-être, les bénévoles de ce sport qu’ils connaissent si mal, auraient pu être eux aussi un peu de la fête, cela en dit long sur leurs pratiques, sur la conception qu’ils ont de leurs missions et cela explique pourquoi ils sont de plus en plus mal perçus par ceux qui, justement, donnent de leur temps, de leurs compétences et dont la récompense c’est la joie des gamins le jour d’un tournoi et le sourire des parents d’enfants autistes qui voient leur fils partager le même jeu, le même plaisir que les autres enfants.
Alors oui, il y a là de quoi s’étonner ! Remarquez que nous avons le sens de la mesure et que nous ne parlons pas d’indignation : il y a aujourd’hui tant de raisons plus graves de s’indigner.
Alors oui nous le reconnaissons, le rugby commence comme d’autres sports à être « contaminé » par l’argent mais si le professionnalisme s’accommode de plus en plus difficilement des valeurs traditionnelles de ce sport, ces valeurs subsistent dans bon nombre de clubs dont l’existence dépend toujours de bénévoles qui ne comptent pas leur temps. Les hommes politiques regrettent la montée de l’individualisme, la diminution des solidarités : ils feraient bien de s’interroger sur leur grave responsabilité dans ces évolutions.
Alors oui, nous les représentants de la « vieille garde » nous continuerons de défendre ces valeurs et de distribuer quelques marrons verbaux.
Nous constatons que, même s’il y a eu peu d’évènements « rugbystiques » à Rennes,ceux-ci ont toujours attiré un public enthousiaste. A chaque fois, comme aujourd’hui, les élus « la ramènent » et s’attribuent tout le mérite de cet engouement. Mais quand le club local, chassé de Courtemanche, disposant des 2 terrains du stade Alain Crubillé demande à disposer d’un vrai bureau et non d’une cabane au bord d’un camping, d’une vraie salle de réunion, d’un club house, c’est à dire d’un lieu décent pour accueillir ses licenciés et ses visiteurs, cela leur semble impertinent
Que feront les bénévoles du REC RUGBY les 17 et 18 juin ? Ils se réuniront chez l’un ou l’autre ou dans un café pour regarder les matches ensemble, partager leurs commentaires, boire quelques gorgeons. Ils n’auront même pas la possibilité de se retrouver au club house puisqu’il n’y en n’a pas !
Merci Mesdames et Messieurs les élus !
Daniel Martin ancien joueur et actuel membre du C.A. du REC RUGBY, ancien président du Comité de rugby de La Réunion… au nom des anciens dirigeants et bénévoles du REC RUGBY
PS – Dernière minute : le Président du REC rugby vient de recevoir une invitation officielle du Président de la LNR et de Mme APPERE maire de Rennes
Et Daniel Martin, il sait donner de la voix… 😉