Bretilliens de 14-18
Non, vous n’êtes pas tout(e) seul(e) à penser ce que vous pensez.
Avec son autorisation, je publie ci-dessous un courriel que Mark Kerrain vient d’adresser à une rédaction locale (redaction.rennes@ouest-france.fr) du quotidien Ouest-France.
Il est intitulé : bretilliens de 1914-18.
Même si je ne me fais guère d’illusion quand je songe à ce que nous avons tous à faire par ailleurs, je me dis que ce courriel mériterait amplement d’en inspirer beaucoup d’autres.
A mon humble avis, il y va autant du respect des morts que de celui des vivants.
Bonjour
Dans Ouest-France aujourd’hui (17-18 mai 2014), en page Ille et Vilaine, un article consacré à la première guerre mondiale avec le titre superbement anachronique :
« Une exposition raconte la vie des Bretilliens en 14-18 »
Anachronique car le terme bretillien n’existait évidemment pas, il vient d’être inventé (juin 2013) par des communicants, payés par le conseil général d’Ille-et-Vilaine avec l’argent des contribuables, comme les monuments au morts des combattants… à la différence près que ces monuments avaient été élevés dans le respect des victimes, et payés à prix normal après débats dans les communes.
L’utilisation systématique du vocable « bretillien » dans la presse locale est loin d’être neutre. Elle fait partie des recommandations des concepteurs du mot lui-même.
Dans la pratique d’Ouest-France cela revient à en matraquer le lecteur, et à en affubler sans leur permission les vivants comme les morts qui, eux au moins, n’ont pas le mauvais goût de protester.
Cela revient également à enrôler, ils en ont l’habitude, les poilus de 14 sous une nouvelle bannière, celle des départementalistes qui finiront par décréter la levée en masse des bretilliens-bretilliennes pour défendre, avec les départements qui nourrissent les conseillers de nos deniers, leurs divers privilèges, voyages en Pologne et Roumanie, mais aussi Maroc et Koweït, pour ne citer que quelques destinations pittoresques.
Après le vote des conseillers généraux entérinant l’achat du terme, et le dépot de la marque “bretillien” (!), Jean-Louis Tourenne, le président du conseil général déclarait : « C’était mon préféré, et je pense qu’il sera adopté très rapidement par nos concitoyens. Maintenant, il faut l’utiliser ! »
Lequel concitoyen persiste à ignorer la recommandation, comme il ignore généralement le nom du Président du Conseil Général” (61 % des français ignorent le nom du Président du CG de leur Département).
Ouest-France par contre suit cette recommandation avec beaucoup d’empressement.
Le lecteur rennais lassé de ce matraquage ne suivra pas le quotidien sur cette voie.
Cordialement
MK
—
Et pour aller plus loin :
– Un bretillien, ça va… mais ?…
– Tous aux boîtes aux lettres !…
– Un peu de respect pour le passé
– De la bretillienne attitude…
– On nous serine n’importe quoi
– Nous ?…