Une banale histoire de conflit d’intérêt
Le 24 mars 2022 – Le conseil métropolitain vote à l’unanimité (incluant les membres du groupe « Révéler Rennes », conduit par Carole Gandon) une convention de partenariat avec la « Société éditrice du Monde » pour l’organisation d’une première édition d’un évènement intitulé « Nos futurs » aux « Champs Libres », assortie d’une subvention de 162.000 euros.
Le 5 juin 2022 – « Le Monde » publie un article très documenté, intitulé « La Questure au service de l’ambitieux Bachelier » (me le demander si utile, car je ne suis pas certain d’être autorisé à le mettre en ligne)
Le 14 juin 2022 – Sur la chaine TVR, à l’approche du premier tour des élections législatives, le député sortant de la 8ème circonscription d’Ille-et-Vilaine est opposé à son challenger Mickaël Bouloux qui gagnera largement l’élection le 19 juin.
Voici un extrait de sa prestation.
On y voit que Florian Bachelier balaie d’un revers de manche les informations parues dans « Le Monde » et va jusqu’à insinuer en toute perfidie que cet article est une « commande de la ville de Rennes », dont « le sous-jacent, c’est aussi… peut-être… un contrat de 162.000 € TTC pour un évènement de début d’année … Alors, je n’y vois aucun lien mais peut-être qu’on en trouvera ».
Ben, voyons.
Après s’être réjoui que « Le Monde » ne soit « heureusement pas trop lu » (près de 500.000 exemplaires quand même !…), Florian Bachelier annonce qu’il va engager une ou des actions en diffamation contre ce journal et « l’ensemble des gens qui rapportent et qui colportent ces fake news ».
J’attends patiemment mon tour… 😉
Le 27 octobre 2022 – « Le Télégramme » nous apprend que Florian Bachelier a bien déposé une plainte « auprès du doyen des juges d’instruction, au tribunal judiciaire de Paris » pour « diffamation publique envers un député » au début du mois de septembre 2022 (il était temps, puisqu’en la matière la prescription est de 3 mois).
Pour autant qu’on le sache via « Le Télégramme », il ne semble pas que Florian Bachelier ait finalement beaucoup mis en avant ce qui se serait très vite révélé un tissu de mensonges en ce qui concerne la gestion budgétaire de l’Assemblée Nationale, dont il était le premier questeur.
Il se serait plutôt rabattu sur deux autres thèmes : les appréciations portant sur le management de ses collaborateurs et de la questure que les journalistes ont jugé inapproprié, et puis le fait qu’il aurait mis des moyens de l’Assemblée Nationale à disposition de la campagne électorale de Madame Carole Gandon, sa compagne, candidate investie par « La République en Marche » en vue de l’élection municipale 2020 à Rennes.
Parenthèse : sur l’un comme sur l’autre thème et singulièrement sur le second, je pourrais si besoin argumenter… mais je ne veux pas davantage alourdir cette contribution.
Le 2 février 2023 – Au conseil métropolitain, à l’occasion du vote d’une nouvelle convention pour l’organisation d’une deuxième édition de l’évènement « Nos futurs », Carole Gandon – qui a changé de positionnement depuis le dépôt de plainte de son conjoint – indique que le groupe « Révéler Rennes » s’abstiendra, d’une part en raison du montant de la subvention dans un contexte de contraintes financières et d’autre part en raison du choix de l’accompagnement par une société d’édition nationale plutôt que par un organe de presse loco-régional.
Le 1er février 2024 – « Le Télégramme » nous apprend que la juge en charge de l’instruction du dépôt de plainte effectué 16 mois plus tôt par Florian Bachelier a ordonné le 30 janvier 2024 un renvoi devant le tribunal correctionnel, sans pour autant fixer de date de jugement. Ce n’est pas comme si on était pressé. D’ailleurs, si Florian Bachelier – avocat de son état – avait été pressé ET s’il avait été complètement sûr de ses arguments, il aurait eu nettement intérêt à opter pour la procédure de « citation directe » plutôt que pour la procédure de dépôt de plainte auprès du juge d’instruction.
Mais, on ne doit pas être dans ce cas-là… 😉😉😉
Ce même jeudi 1er février 2024, exactement – Au conseil métropolitain, à l’occasion du vote d’une nouvelle convention pour l’organisation d’une troisième édition de l’évènement « Nos futurs », Carole Gandon indique que le groupe « Révéler Rennes » s’abstiendra sur la base des mêmes arguments que l’année précédente.
Mon interrogation est très basique : au regard d’un évident conflit d’intérêt, est-il bien normal que Carole Gandon ne se soit pas déportée, comme il me semble que c’est la règle et comme elle a estimé devoir le faire 13 fois déjà sur d’autres questions qui ne m’apparaissent pas forcément plus compromettantes ?… (si besoin, voir l’open data de Rennes Métropole)