En hommage à Robert Badinter
Je viens seulement de prendre conscience que les parents (comme les grands-parents) de Robert Badinter qui vient de nous quitter étaient originaires de ce que l’on appelle la Bessarabie.
La Bessarabie est la partie orientale de la Moldavie historique, située entre le Prout et le Dniestr, aujourd’hui partagée entre la Moldavie et l’Ukraine… qui a été sous occupation soviétique à diverses reprises.
Samuel (dit Simon) et Chiffra (dite Charlotte) se sont rencontrés au bal des Bessarabiens de Paris. Ils se sont mariés le 7 juin 1923 à Fontenay-sous-Bois. Ils ont acquis la nationalité française 5 ans plus tard : quelques semaines seulement avant la naissance de leur deuxième enfant, le 30 mars 1928.
Il s’agissait d’un certain Robert Badinter.
Ça me touche vraiment de réaliser que non seulement la maman de Robert Badinter venait de la ville d’Edinet que je connais un peu, mais aussi que son papa arrivé en France en 1919 à l’âge de 26 ans venait tout droit du « raion » de Telenești (une subdivision territoriale de la Bessarabie d’hier, comme de la Moldavie d’aujourd’hui, qui correspond à la campagne à un petit district rural).
Parce qu’il se trouve que le « raion » de Telenești n’est ni plus ni moins que mon « raion » de cœur.
Chaque fois qu’au cours de ces vingt dernières années je suis allé en Moldavie par le plancher des vaches, en toutes circonstances, je n’ai jamais manqué d’y faire une sorte de pélérinage.
C’est pourquoi, ce soir, je ne vois plus rien de plus pressé que de lire « Idiss », l’ouvrage que Robert Badinter a consacré à sa grand-mère maternelle.
« J’ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l’Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d’une destinée singulière à laquelle j’ai souvent rêvé. Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d’amour de son petit-fils ». (Robert Badinter)
Comme le monde est petit. Bien sympathique témoignage. Je n’ai pas cette ascendance étrangère (à distance généalogique raisonnablement accessible). Mais ma passion pour une artiste peintre originaire d’Autriche, qui m’a fait établir un essai de biographie, m’a porté à étudier les labyrinthes de ses racines aux sources du Danube. Après Sandor Marai, dois-je lire Badinter?
Je tombe sur un article du 10 février 2024 également, intitulé : « Kaddish pour Robert Badinter » (clic)
Albert Bensoussan est un écrivain, traducteur et docteur ès lettres, qui a réalisé sa carrière universitaire à Rennes 2.