Vous avez dit USR, MMA et tout le tintouin ?…

« On » a d’abord voulu nous faire croire que l’organisateur d’une soirée consacrée le 4 février prochain à des combats d’arts martiaux dans une salle des Cadets de Bretagne était « l’AEF Championship ».

Ce n’est pourtant que l’appellation (d’ailleurs non déposée) d’une série d’évènements (nous n’en sommes qu’au deuxième) réputés « portés » par un homme bénéficiant d’une image pour le moins très avantageuse (de champion du monde de ju-juitsu brésilien, en réalité parmi des dizaines et aujourd’hui plus probablement des centaines d’autres champions du monde de ju-juitsu brésilien, puisqu’en plus ça commence à dater).

C’est pourquoi le pseudo-organisateur a dû finalement convenir – mezzo voce – que l’organisateur officiel était en réalité « l’Union Sportive Rennes », qui est une association sportive créée en 2017 dont les statuts initiaux (clic) ont été profondément modifiés en 2018 (clic).

Il y aurait évidemment beaucoup à dire, mais il faut savoir que le moyen le plus simple et de surcroît le plus avantageux pour organiser des compétitions sportives est de le faire sous couvert d’une association sportive affiliée à une fédération nationale bénéficiant elle-même d’une délégation de service public exclusive pour tout ce qui concerne la ou les discipline(s) en cause.

C’est ce qui est censé garantir :

  • la protection de l’intégrité physique et morale des intéressés
  • la préservation de l’éthique et de l’équité des compétitions
  • la bonne gouvernance des instances
  • et de manière plus générale le respect des principes de la République

Cela couvre notamment des questions basiques et très concrètes :

  • a-t-on jamais vu des rencontres de football arbitrées par des juges de hockey sur glace ?
  • que serait la sécurité des compétiteurs si l’on n’appliquait pas scrupuleusement le code sportif de leur discipline ?

Je relève sur le site de l’AEF Championship que la « mission » de « l’USR » serait de : « promouvoir le jiujitsu brésilien, le grappling et maintenant le MMA ainsi que leurs disciplines associées en organisant des évènements à l’échelle locale, régionale et nationale.»

Mais lorsque je lis posément les statuts de l’association, je vois qu’elle a en réalité pour objet : « la promotion du jujitsu brésilien grappling et disciplines associées, disciplines sportives régies par la fédération française de lutte (FFL) et d’une façon complémentaire, éventuellement la pratique d’autres activités physiques, sportives et de pleine nature, ainsi que l’organisation d’actions évènementielles citoyennes et solidaires. »

Or, il est incontestable :

  1. que la FFL (et disciplines associées) s’est vue clairement refuser la délégation de service public pour la discipline MMA à laquelle elle aspirait tant… puisque celle-ci a été confiée (deux fois consécutives, à son grand regret) à la Fédération française de boxe (jusqu’en 2025)
  2. que les compétitions d’arts martiaux qui sont organisées par « l’USR » ne relèvent certainement pas d’actions citoyennes et solidaires (je veux bien développer, mais là… franchement : il y a de quoi se rouler par terre !…)

C’est donc de manière parfaitement illégitime, mais aussi doublement illégale, que « l’USR » organise ces compétitions.

Mais c’est vrai qu’au passage, ça permet de les exonérer de TVA.

Pour ne pas en rajouter aujourd’hui, je passe sur le fait que « l’Union Sportive Rennes » n’est en réalité que le faux-nez de tout un écosystème d’affaires destiné à prendre sa part dans l’implantation en France d’un très juteux business : celui des combats de MMA… un sport de combat en cage particulièrement agressif, interdit en France jusqu’en février 2020 pour cause d’atteinte à la dignité humaine, avant d’être doté d’un certain nombre de règles visant à sa reconnaissance… sous réserve qu’elles soient scrupuleusement appliquées.

J’en termine pour dire qu’en dépit de tout cela qui semble complètement leur échapper, la ville et la métropole de Rennes semblent avoir finalement accepté de soutenir sans le moindre état d’âme la soirée du 4 février 2023.

Pour en avoir le cœur net, j’ai sollicité le 20 décembre dernier le compte-rendu de la réunion qui s’est tenue le 9 décembre à ce sujet (clic), et je l’attends avec impatience. Le temps que ça va prendre risque d’être assez révélateur.

J’espère encore ne pas avoir à établir de lien avec le fait que lors de la précédente soirée, l’adjoint aux sports s’était laissé tenter par une invitation à une place de choix dans le carré V.I.P. aux frais de l’organisation… d’une valeur de 149,90 €.

Car je n’oublie pas que – s’il est vrai que le code de déontologie des élus adopté par la ville en séance du 10 juillet 2020 stipule qu’en toutes circonstances « Par principe, les conseillers municipaux ne doivent ni solliciter ni accepter des cadeaux, invitations ou avantages pour eux-mêmes ou pour autrui qui pourraient influer ou paraître influer, directement ou indirectement, sur leur décision » – il n’interdit formellement ce type d’invitation que pour les montants supérieurs à 150 euros.

Ha, bon…

PS : pour être juste, les combats dits de MMA ne sont en vérité pas des combats de MMA… parce que tout est du pipo !… 😂

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