Le tour est joué
J’ai eu la surprise de trouver ceci dans ma boîte aux lettres alors que je décline toute publicité.
Au recto, ce n’est à l’évidence rien d’autre que du pur racolage en vue des prochaines législatives :
Mais au verso, ce flyer ressemble très bizarrement à ce que l’on appelle un avis d’obsèques :
( RIP sur l’image pour l’agrandir )
Je ne sais pas combien peut coûter la conception, la réalisation et la distribution en boîte aux lettres d’un flyer 1/3 de A4 sur un support de 240 g satiné dans une circonscription qui compte 135.000 habitants et près de 80.000 inscrits sur les listes électorales. Mais je sais qu’il faut également compter dans le coût de l’opération celui des affichettes personnalisées au nom de la commune concernée pour être placardées sur les panneaux d’affichage libre de tout le territoire.
Au diable l’avarice !… Ceci ne risque pas de figurer dans les comptes de campagne puisque cela aura été financé sur la dotation matérielle du député.
Vous savez : celle qui a été augmentée de 15 % au début de l’année… du fait d’une décision portée par le premier questeur de l’Assemblée Nationale qui s’appelle Florian Bachelier.
Je n’invente rien : le Larousse universel définit le racolage comme étant l’action d’attirer les gens à soi par des procédés en général peu scrupuleux
Bah, puisqu’il bloque ceux qu’il aurait pu racoler par Tweet !!!
J’ai reçu ce flyer il y a 15 jours ou 3 semaines dans la boîte aux lettres. J’ai eu la même réaction. De la pure propagande à quelques mois des législatives. La ficelle est un peu grosse.
J’ai noté qu’il y avait un numéro en 06 que l’on pouvait appeler n’importe quand. Des fois que l’on ressentirait comme une urgence, on ne sait jamais, ça peut être utile.
Il y a longtemps de cela, j’ai eu le plaisir de déjeuner à titre privé dans l’appartement du 1er questeur, que mon père connaissait bien. Il y avait de splendides dorures au plafond. C’était l’époque où le chauffeur astiquait dehors une rutilante DS noire. Autant dire que ça ne date pas d’hier. Mais la dorure au plafond doit toujours être là.
Je souhaite à mon cher député de bien en profiter encore et à mon encore bien plus cher président de l’Assemblée nationale de jouir intensément des splendeurs de l’hôtel de Lassay car toutes ces bonnes choses auront hélas une fin.
Je ne jalouse aucunement le traitement réservé aux plus éminents personnages de la République. La France doit tenir son rang. Mais j’aime autant que ce traitement soit accordé à des personnes que j’aime bien ou à tout le moins que je respecte.
Euh… Je ne suis sûrement pas un partisan de ce député. Mais pour la première phrase du texte plus haut, il m’est arrivé (et il m’arrivera encore) de distribuer des documents politiques dans les boîtes aux lettres, je considère que ce n’est pas de la publicité commerciale c’est de l’information citoyenne, donc je les mets dans toutes les boîtes même celles qui refusent la pub.
Sur ma propre boîte il y a l’autocollant « Bruderezh ebet / Pas de pub » mais j’y trouve quand même des tracts politiques, et je serais frustré de ne pas les recevoir, même ceux que je n’aime pas, ne serait-ce que pour savoir ce que mes voisin·e·s ont reçu.
Bonjour,
Vous me faites observer que la distribution de documents politiques dans les boîtes aux lettres ne constitue pas de la publicité commerciale, mais de l’information citoyenne que vous seriez frustré de ne pas recevoir… ne serait-ce que pour savoir ce que vos voisins ont reçu.
Je concède bien volontiers avoir commis une approximation de langage.
Mais sur le fond, il me semble qu’il est légitime de bien distinguer l’information citoyenne (par exemple un bulletin municipal) de l’information politique (par exemple le tract d’un élu), comme il y a lieu de bien faire la différence entre l’information politique diffusée d’une part en période électorale et d’autre part en dehors.
C’est en tous cas le sens de la réponse ministérielle n° 72441 apportée à la question écrite d’un député le 20 octobre 2015 (clic).
Il me semble par ailleurs qu’au plan juridique, il faut surtout bien distinguer la communication dite adressée de la communication dite non adressée, en sachant que l’une et l’autre relèvent d’une directive postale européenne en même temps que du code des postes et des communications électroniques.
Enfin, il y a certainement lieu de distinguer les documents diffusés par boîtage effectué par des militants, des documents diffusés par les diffuseurs d’imprimés non adressés puisque la profession s’est engagée à respecter la volonté des foyers ayant apposé sur leur boîte aux lettres l’autocollant « Stop Pub », popularisé depuis 2004 par le Ministère de l’Écologie et du Développement Durable.
Du moins, les choses étaient-elles comme cela jusque très récemment, parce que je crois qu’elles viennent d’évoluer de manière encore plus restrictive.
Il me semble en effet que depuis le 1er janvier 2021, en application des art. R634-2 du code pénal et L541-15-15 (et suivants) du code de l’environnement, il est désormais interdit de :
• déposer des publicités, flyers d’informations commerciales ou tract politique en dehors de période électorale dans une boîte aux lettres qui dispose d’un STOP PUB
• déposer des publicités en libre service dans un hall de résidence ou au-dessus d’un bloc de boîtes aux lettres
• déposer des échantillons de produits ou cadeaux commerciaux (stylo, calendrier, etc.) dans toute boîte aux lettres, avec ou sans STOP PUB
• déposer des imprimés publicitaires sur les véhicules
Ces infractions sont punies d’une contravention pouvant atteindre 7 500 euros et même 15 000 euros en cas de récidive.
J’ajoute que dans le cas précis du document diffusé par Florian Bachelier, je ne réussis pas à le considérer comme un document d’information.
Ce scoop selon lequel « mon député, c’est Bachelier » qui parvient au cours du 9ème semestre de sa mandature (qui en comporte 10), serait bien tardif et l’information serait en sus mensongère puisque ni lui ni son équipe ne sont réellement « joignables à tout moment » (j’ai personnellement essayé 2 ou 3 fois, mais je n’ai eu droit qu’à un répondeur).
Il s’agit en réalité d’un document de pure propagande qui s’inscrit clairement dans la prochaine campagne électorale avant l’heure.
Cela me déplait, parce que – du fait du mode de financement – je l’analyse comme une rupture d’égalité entre les candidats.
De plus, le support choisi – qui est au format d’un faire-part couché sur du papier de 240 g satiné et s’affranchit de toute mention légale – est une véritable insulte au code de l’environnement.
C’est aussi pourquoi cette initiative de Florian Bachelier m’a beaucoup irrité.