Un scrutin sans pitié

Je ne suis pas politologue, mais je sais que – dans les communes de plus de 1.000 habitants – les sièges au conseil municipal sont attribués à l’issue d’un scrutin proportionnel de liste, à 2 tours, avec prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête.

J’ai procédé à une simulation de la prochaine répartition des sièges au conseil municipal de Rennes sur les bases suivantes :

  • 3 listes présentes au second tour
  • un même taux d’abstention qu’au premier tour
  • une augmentation de 6 à 7 % des bulletins blancs ou nuls
  • par voie de conséquence, 42.000 suffrages exprimés (contre 45.274 au premier tour)
  • des reports à la louche que certains vont forcément trouver louches
  • 28.000 suffrages exprimés pour la liste PS – EELV (contre 26.327) : Nathalie Appéré – Mathieu Theurier
  • 7.000 suffrages exprimés pour la liste Révéler Rennes (contre 6.470) : Carole Gandon
  • 7.000 suffrages exprimés pour la liste Libres d’agir pour Rennes (contre 5.528) : Charles Compagnon

Dans une telle hypothèse (évidemment largement discutable), voici ce que pourrait être la répartition des sièges :

  • 51 sièges pour la liste PS – EELV (répartition interne à la proportionnelle)
  • 5 sièges pour la liste LREM Révéler Rennes
  • 5 sièges pour la liste Libre d’agir pour Rennes

Zut alors : dans ce cas-là, par exemple, Olivier Dulucq – conseiller du Président de l’Assemblée Nationale, Richard Ferrand en personne – qui nous a été présenté comme un véritable poids lourd (c’est vrai qu’il est souvent lourd) ne se révèlerait qu’un éphèmère figurant sur la liste LREM « Révéler Rennes » de Carole Gandon… puisqu’en dépit d’une telle aura, il n’accèderait même pas aux fonctions de modeste conseiller municipal de base dans la ville où il réside… La honte…     😉

PS : libre à chacun bien évidemment d’utiliser la calculette, que l’on trouve notamment sur le site de toutes les bonnes préfectures, avec les hypothèses qu’il croit utile de tester.  😉

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Urvoy
Urvoy
31 mai 2020 0 12 07 05075

L’autre virus qui mine les municipales

Dernier bastion de la confiance, les municipales 2020, quel que puisse être le résultat final, auront été tronquées. Mais pas seulement pour la raison que l’on croit.

L’épidémie de Covid19 a freiné la participation au premier tour. Mais il ne faudrait pas qu’elle devienne l’explication commode et unique d’une démobilisation – une chute de dix-huit points ! – qui tient à des causes structurelles.

Trois remarques pour ceux qui voulaient tout annuler : d’abord, il s’est trouvé une quasi-unanimité parlementaire (510 voix sur 547 suffrages) pour valider les 30 143 listes élues au premier tour ; ensuite, la démobilisation affecte peu ou prou toutes les formations ; enfin, on savait que l’abstention exploserait, surtout dans les villes. La preuve, du village à la métropole, elle varie du simple au double !

Les causes profondes de ce désintérêt ? Les divisions désarmantes, spécialement dans les grandes villes, entre alliés politiques ; le mode d’élection (listes complètes sans panachage dans les petites communes) qui empêche d’avoir assez de listes pour animer la confrontation ; et surtout le décalage entre les projets, les compétences et des moyens.

Les chiffres sont terribles.

A Paris (2,2 millions d’habitants), Anne Hidalgo avait « gagné » le premier tour avec… 162 000 voix ! A Nantes (307 000 habitants), six électeurs sur dix n’ont pas voté et Johanna Rolland a viré en tête avec moins de 23 000 voix. A Rennes (216 000 habitants), Nathalie Appéré draine 14 840 voix… Ne parlons pas du poids de leurs rivaux et opposants !

Jamais, en milieu urbain, l’adhésion à un candidat n’a été aussi faible. Bon courage aux nouveaux élus pour gouverner !

Coller aux zones de vie

Cette distanciation politique s’explique : les périmètres électoraux et les compétences ne recouvrent pas les problèmes que rencontrent les Français dans leur zone de vie, beaucoup plus large que la commune.

On va embellir et verdir les centres urbains, aménager des puits de fraîcheur. Très bien. Tant mieux pour les privilégiés à vélo électrique qui ignorent les joies des banlieues et des embouteillages. Mais pour la femme de ménage qui traverse l’agglo à 5 h du matin ? Pour le cariste dont l’entrepôt planté au bord de l’autoroute n’est accessible qu’en voiture ? Pour l’employé qui fait 30 km par jour et dans les bouchons ? Pour l’ouvrier qui passe trois heures entre bus et métro ?

La question des mobilités, le choix réfléchi des implantations de logements, de commerces, de cinémas, de lieux de travail, de services publics, la maîtrise du coût social et environnemental de la discontinuité électorale, ne seront jamais réglées tant que le pouvoir local ne s’exercera pas directement et clairement à l’échelle de ces zones de mobilités.

Quand comprendra-t-on que les gens dorment, travaillent, s’amusent et votent dans des communes différentes ?

Les Français ne sont pas idiots et savent qu’il est assez vain de faire un choix dans sa ville quand le pouvoir réel et l’investissement relèvent de l’intercommunalité ou de la métropole.

Il ne s’agit pas de jeter la pierre à 600 000 élus locaux qui font ce qu’ils peuvent dans le cadre existant.

Il s’agit de s’interroger sur la manière de remédier à cette mutilation démocratique ; sur la nécessité d’avoir des circonscriptions électorales qui collent aux zones de vie ; sur l’urgence d’un suffrage universel direct qui permette une confrontation pluraliste entre des projets dont dépend notre qualité de vie dans un, dix ou cinquante ans. Il s’agit de combattre le virus qui mine la démocratie locale.

olivierdulucq
31 mai 2020 7 07 06 05065

Quelle honte ?

Celle de se présenter à une élection et ne pas être élu ? Celle d’être un citoyen parmi d’autres sur une liste ? Aucune, c’est un engagement.
Et il reste préférable à celui du tireur couché, qui cherche à égratigner, à nommer, à dénoncer des scandales en permanence, à nommer des gens sans leur consentement, à devenir mono maniaque, à abimer, dans la triste posture du commentateur sans guère de lecteur.
Et vivre sous le regard suspicieux des réseaux sociaux et autres blogs, héritiers des temps modernes des « Je suis partout » finira par décourager des citoyens à être candidat.
Tacler telle personne de s’investir sur une mise en réseau de commerçants est poser d’emblée que cela ne peut qu’être intéressé. S’attaquer à tel autre investi dans la campagne numérique et lui donner des leçons sur son salaire, arguer qu’une telle est forcément partie pantoufler parce qu’elle reprend son travail.
Il n’y a pas besoin d’être d’extrême-droite pour reprendre les comportements d’écriture qui la caractérisèrent dans les années 1930. Il suffit de se considérer comme redresseur de torts, d’être le seul à avoir raison et à trouver des complots partout.

LANG-BRINGER Anne
LANG-BRINGER Anne
31 mai 2020 12 12 00 05005

… hi hi sans guère de lecteur, dites-vous Olivier ? Bah si, vous au moins !!