Noroc (chance)

Quelle chance j’ai eu, encore une fois, d’être à Chișinău le 27 août : « Ziua Independenție », le jour anniversaire de la déclaration de l’indépendance à l’égard de l’Union soviétique en 1991 !…

Mais quel contraste entre la ferveur religieuse et la ferveur nationale !…

J’ai commencé ma journée à la cathédrale de la nativité, qui est le siège de l’église orthodoxe de Moldavie d’obédience russe (il en existe une autre d’obédience roumaine).

Elle fait partie des quelques lieux que je fréquente impérativement lorsque je viens en Moldavie et j’ai encore une fois eu le grand plaisir d’arriver au moment d’un office. Les chants liturgiques orthodoxes sont immensément beaux et je ne suis pas loin de penser qu’un petit quart d’heure d’un tel envoûtement mériterait à lui seul le déplacement depuis la France. Il me semble que ça n’a strictement rien à voir avec les simagrées du monastère de Saharna dont j’ai parlé précédemment.

https://youtu.be/Wjria1LNmDk

Et puis je me suis rendu à 8h30 au pied de la statue de Ștephan Cel Mare (și Sfânt : le grand et le saint) pour le dépôt des gerbes. Cette statue, qui symbolise l’unité (perdue) de la Moldavie et qui semble avoir souvent voyagé entre Bucarest et Chișinău, a été réinstallée ici après qu’ait été poussée largement plus loin la statue de Lénine, au moment de l’indépendance… Au son de la fanfare militaire, avec une toute petite poignée de personnes, j’ai assisté au défilé convenu des officiels, qui – pour faire bon poids, bonne mesure – n’ont pas manqué d’aller fleurir ensuite le mémorial « Eternitate » à l’autre bout de la ville. Il me faudrait déjà au moins 3 pages pour décrire la scène… Le fait saillant, c’est que nous n’étions que quelques dizaines de badauds…

Toute la matinée, j’ai observé les festivités sur PMAN (Piața Marii Adunări Naționale : la très grande place centrale), et j’ai malheureusement dû constater que – le matin surtout – il y avait moins de spectateurs que de personnes à se produire, à un titre ou à un autre.  L

C’était pourtant très sympa d’écouter la fanfare militaire. On se croirait parfois en Bavière !… Mais je me demande encore pourquoi le chef a cru bon de se mettre curieusement à faire des pompes !… Voyez ça :

https://youtube.be/88k-w4Z8YQY

C’était touchant aussi de voir les enfants (les petites filles surtout), habillé(e)s comme des angelots avec des couronnes de fleurs très traditionnelles sur la tête, danser sur une place 50 fois trop grande pour elles, et c’était très sympa de voir tous ces groupes de danse populaire, venus des quatre coins du pays, se produire pendant que des chanteurs et des chanteuses traditionnels y allaient de leur répertoire sur l’immense podium qui a été dressé comme d’habitude sur la place.

Il y a eu beaucoup d’autres participations dans l’après-midi, mais je ne peux pas tout vous raconter. Ce qui me frappe, c’est que l’on passe ici sans aucune transition du chant traditionnel aux airs d’opéra, et des airs d’opéra aux partitions de jazz par exemple.

Hier soir, j’étais en plein cœur de la ville, à 50 mètres à peine du marché central et de la « gara auto » (prononcer gara a-ou-to), d’où partent les bus et microbus pour toutes les destinations intérieures et extérieures (il y en a beaucoup pour l’aéroport de Bucarest, bien sûr !…). J’étais donc vraiment « dans le jus ».

Après avoir battu non sans mal mon record de marche, depuis que je me suis salement cassé la cheville au début janvier, j’ai décidé d’aller diner au plus près… mais pas n’importe où.

C’est rituel : chaque fois que je reviens par ici, je m’offre une lasagne chez Andy Pizza. Et au moment où j’allais franchir la porte de sortie, je me fais accoster par un gars qui me lance un : « Bonjour, Patrick !… ». Je rappelle que ça se passe dans une ville qui doit bien compter 800.000 habitants malgré un exode qui n’a rien de rural. Je vous le donne en mille : c’était Dorin, au mariage duquel je suis invité dans 4 jours, que je n’ai rencontré qu’une fois chez son père l’année dernière, qui était là avec sa « promise » et sa petite nièce !… J’ai à nouveau pu vérifier que mon anglais de cuisine était vraiment très efficace pour faire un brin de causette. Je ne prétends pas que le « selfie » que Daniela a entrepris de faire est d’excellente qualité (surtout que je ne vois pas où sont passés mes cheveux !…), mais je trouve qu’il vaut son pesant de lei (un leu, des lei). Il sont adorables, ces deux là !…

Mais non, ce n’est pas fini.

Quand j’ai regagné mes pénates (le Bazar Motel, qui n’a strictement rien d’un motel et que je recommande), j’ai vu que l’on s’était mis à faire la fête dans la petite cour privée où j’avais garé ma voiture. Juste à côté d’une autre voiture qui servait de chaine HIFi et ses portières de haut-parleurs. J’ai été sommé de manger (encore) deux cuisses de mouton, bien arrosées de Divin (le cognac local). Ambiance très russe !… Un pur délire, avec des échanges survoltés à l’aide de mimes quand ce n’était de phrases combinant le plus naturellement du monde des mots russes, roumains, italiens, français, mais pas anglais. Ça m’a bien fait rigoler de les voir appeler l’anglais : le google !…

https://youtu.be/unzpTYPCymQ

Encore une journée bien remplie.

PS : celles et ceux qui accèdent au blog directement ou via FaceBook peuvent voir les vidéos, mais celles et ceux qui reçoivent les « posts » par courriel ne les voient sans doute pas : il faut passer par ce lien)

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