Galléco : l’espoir fait vivre
Je partage l’indignation des promoteurs du galléco en ce qui concerne le dévoiement des monnaies dominantes, je ne suis pas insensible à l’idée de protéger l’environnement comme à celle de favoriser les liens sociaux, et je respecte bien volontiers celles et ceux qui œuvrent dans le sens de leurs idéaux.
Mais je ne crois pas que le remède soit l’instauration d’une monnaie dite départementale gérée par une association dont les statuts ne sont guère sécurisants : c’est le moins que l’on puisse dire. Je doute également qu’il y ait dans le département beaucoup de contribuables à considérer que la poursuite de cet objectif relève d’un financement par l’impôt, comme c’est actuellement le cas. Enfin, je supporte mal qu’une toute petite poignée d’adeptes d’un comité local, dit d’animation, se croient autorisés à qualifier d’éthique (ou non) telle ou telle entreprise, à fortiori lorsque je vois de mes yeux certaines de celles qui ont été curieusement agréées.
Je pose en conséquence quelques questions :
- peut-on vraiment parler de « monnaie locale » pour des coupons ayant vocation à être utilisés par plus d’un million d’habitants, parfois distants de 150 km, qui résident dans 400 communes situées dans 7 pays, dont l’un s’étend sur 3 départements ?
- peut-on raisonnablement parler de « monnaie citoyenne » lorsque l’on sait que deux ans après sa mise en place, le dispositif reste quasi entièrement financé par une collectivité territoriale et ne tient donc exclusivement que par la volonté de quelques dizaines de personnes ?
- peut-on clairement parler de « monnaie solidaire » quand on ne sait rien des crédits consentis par la seule et unique banque partenaire à des entreprises locales à partir des euros cantonnés pour garantir la mise à disposition des coupons ?
- peut-on assurément parler de « monnaie vertueuse » si rien n’incite à la faire circuler lorsque l’on en détient : ni « fonte », c’est-à-dire progressive dévaluation, ni taxe à la reconversion en cas de change inverse… l’une et l’autre pourtant fortement préconisées par les théoriciens des « monnaies locales » ?
- peut-on surtout parler de « monnaie complémentaire » alors qu’il n’y a strictement aucune chance que ces coupons soient un jour légalement considérés comme des « titres de monnaie », au sens pourtant assez bienveillant de la loi sur l’économie sociale et solidaire, puisque ses promoteurs n’envisagent même pas de remplir un jour les conditions pour cela ?
Non, non, non… non et non (5 fois).
Le galléco ne résulte que de la rencontre fortuite d’une collectivité territoriale en mal d’identité avec une poignée d’électeurs en recherche de sens… qui sont aujourd’hui devenues plutôt méfiantes l’une de l’autre.
Tout le monde a le droit de se tromper.
Pour le million d’habitants du coin dont je suis, j’espère que cela ne représentera qu’une passade à 500.000 euros et que l’on pourra se quitter l’an prochain bons amis.
Si l’association n’oublie pas de nous rembourser ce qu’elle nous doit… 😉
Pour aller plus loin :
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