Mais c’est quoi, ce trafic ?…

Dans l’édition du quotidien Ouest-France de ce 17 avril 20189, sous le titre :

« La tirette bretillienne bientôt au bord des routes« 

le responsable de la sécurité routière du Département d’Ille-et-Vilaine nous présente une initiative censée être pour la France une innovation signalétique du Conseil départemental… qui sera expérimentée jusqu’au mois de juin dans le cadre du chantier de l’échangeur des Millières à proximité du barrage de la Rance.

Je ne suis pas certain que les services de l’Etat qui ont été associés à l’opération aient été conviés à valider l’appellation du dispositif, mais je n’ai pas l’intention de m’attarder bien longuement sur la conjugaison d’un barbarisme avec un belgicisme.

Je dirai simplement que cette alliance littéraire ne me parait pas de nature à « véhiculer » très clairement l’objectif poursuivi.

Plus au fond, je relève que, depuis 2014, le code de la route belge impose de respecter le principe dit de la « tirette » sans même qu’il y ait besoin de la présence d’un panneau pour cela. Je note qu’il y a eu à ce sujet de longues réflexions, d’importantes campagnes d’information, et qu’en dépit du fait que les infractions sont sanctionnées d’une amende de 55 euros :

5 ans après, un Belge sur 5 ne comprend toujours rien à la « tirette »

 J’ose espérer que cela fonctionne mieux dans les nombreux autres pays qui ont inclus ces dispositions dans leur code de la route… comme par exemple le Luxembourg, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, la Slovénie, l’Italie, la Tchéquie, la Suède, le Royaume Uni, la  Suisse ou même le Liechtenstein…

J’avoue que je ne connais rien à la cinématique des bouchons, mais j’observe plusieurs choses à priori de bon sens :

  1. le principe de la « fermeture éclair » (« Reißverschluss » par ici, « Ritsen » par là, « Favorisce il rientro da destra/sinistra » ou encore « merge in turn » ailleurs) n’améliore véritablement la fluidité de la circulation que si tous le comprennent et que si chacun s’y conforme… ce qui suppose beaucoup de pédagogie
  2. à ce stade, bien des éléments connus pour être des éléments clés n’ont pas été précisés, comme par exemple : à partir de quand – notamment en termes d’importance des ralentissements – est-on obligé de rouler sur 2 files et sur combien de véhicules s’applique le dispositif d’alternance en tête de cortège ?
  3. en toutes hypothèses, le dispositif n’a strictement rien de contraignant puisqu’il ne constitue qu’une invitation à la courtoisie et cela risque à mon avis d’en relativiser les effets, de provoquer sans doute quelques frictions entre conducteurs et de confronter les assurances à des situations inédites.

En conclusion, je souhaite malgré tout bonne chance à cette expérimentation, dont je vous avoue que j’aimerais bien connaître les critères d’évaluation fin juin pour être bien sûr qu’il ne s’agit pas d’une passade.

4 commentaires

  • Philippe

    Patrick,
    On a le temps de s’y faire puisque c’est un article d’anticipation prévu en 20189 !
    Ceci étant, c’est déjà en place.
    Je rentre de St Jacut et en passant via le barrage, il y a un passage de deux à une voie.
    Ce panneau y est visible.
    Philippe

  • Christian DESHAYES

    J’ai pratiqué ce système à Vienne en Autriche pendant 4 années : ça fonctionne parfaitement mais il faut reconnaître que les automobilistes y sont beaucoup plus disciplinés que chez nous.
    J’ai particulièrement apprécié le fait que la conduite est du coup beaucoup moins stressante : personne ne colle à la voiture devant lui pour empêcher un autre automobiliste de s’intégrer dans le trafic ce qui évite les coups de frein intempestifs et les accrochages qui en découlent.
    Je suis intimement persuadé que cela rend le trafic plus fluide.

    • Je pense également que le principe est bon, mais que le système ne fonctionne que s’il s’inscrit dans un cadre beaucoup plus général et si sa mise en oeuvre est accompagnée de beaucoup de pédagogie… pour que nul n’en ignore.

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