Des vessies pour des lanternes

Dans un échange engagé avec un journaliste qui vient de l’interpeller sur les surcoûts du mille-feuilles politico-administratif, Jean-Louis Tourenne vient de twitter ceci :

 conseils

Je sais (depuis peu) qu’en Bretillie on n’a pas peur de faire usage de boniments, mais il n’empêche que je suis extrêmement choqué par cet argument.

C’est en effet délibérément tenter de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, et je n’aime pas ça.

Conseiller général depuis 41 ans, Jean-Louis Tourenne ne peut pas ignorer que ces deux ratios ne sont nullement – mais alors nullement – des indicateurs de bonne gestion d’une collectivité territoriale.

Il suffit de se référer à la dernière étude de la direction générale des collectivités locales du Ministère de l’intérieur qui vient d’être publiée le mois dernier, et qu’il invoque probablement lui-même, pour trouver confirmation de faits qui sont bien connus des initiés.

L’ille-et-Vilaine est un département dont les habitants ne sont pas très vieux (8 % de plus de 75 ans au 1er janvier 2012, contre 8,8 en Métropole – hors Paris) et dans lequel le taux de chômage est nettement inférieur à la moyenne nationale (8,5 % contre 10,1 au 4ème trimestre 2012 en Métropole – y compris Paris).

Il s’en suit mécaniquement que les dépenses dites de fonctionnement d’aide sociale par habitant (incluant l’APA, le RSA, le RMI… et j’en passe) sont heureusement très sensiblement plus faibles qu’ailleurs (de l’ordre de 15 % par rapport à la moyenne nationale).

C’est en outre un département dit urbain, qui n’a évidemment pas les mêmes besoins que les  départements ruraux ou/et montagneux, sans compter le fait que plus de 40 % des habitants du département habitent Rennes Métropole… qui est de loin le principal financeur des équipements dont ils bénéficient et de leur fonctionnement, qui gère les transports qu’ils empruntent, etc… autant de charges qui ne pèsent que peu et souvent pas du tout sur le département.

Il n’y a donc vraiment pas de quoi se vanter d’occuper une bonne place dans le classement des dépenses par habitant. C’est quand même la moindre des choses…

Le problème à mes yeux, c’est que prétendre que l’on gère bien le département du fait que l’on est « bien placé » dans ce type de classement, alors que c’est la pyramide des âges et la situation de l’emploi qui sont les principaux déterminants des dépenses par habitant comme de la pression fiscale au niveau local, ce pourrait être se tromper… quand on n’y connaît pas grand chose.

Mais c’est tromper les autres lorsque l’on sait très bien de quoi l’on parle.

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