De l’art de l’entourloupe

Le député LREM de la 8ème circonscription d’Ille-et-Vilaine (Florian Bachelier, premier questeur de l’Assemblée Nationale) mise sur le fait que nos concitoyens ne peuvent évidemment pas être au fait des mécanismes budgétaires… pour tenter de leur faire croire que – sous son ardente impulsion – ladite assemblée aurait réalisé près de 100 millions d’économies au cours de la présente mandature (sans rire, c’est moi qui vous le dis !…)

Ceux qui me font l’honneur de me suivre savent que, depuis le 6 février 2021, je dénonce ICI très régulièrement cette escroquerie intellectuelle qui m’apparaît moralement inqualifiable.

J’ajoute que, dans l’attente des résultats comptables de l’année 2021 qui ne seront publiés qu’au mois de juin,  la revue Challenge du 19-06-2021 a précisé ceci sur les comptes de l’Assemblée :

Depuis 2017, ils sont dans le rouge à des niveaux jamais connus depuis plus d’une décennie. Avec un trou prévu à 43 millions d’euros en 2021, la chambre des députés risque même de s’approcher cette année de son record de 2017 « Il est habituel que les dépenses progressent fortement l’année de l’élection à cause des frais liés à l’arrivée des nouveaux élus, remarque Marie-Christine Dalloz, députée LR et présidente de la commission de vérification des comptes de l’Assemblée. Mais l’apparition d’un déficit structurel tout au long d’une législature est inédite et a de quoi inquiéter.

De fait, les dépenses de fonctionnement, qui pèsent quelque 95 % du budget, ont progressé en cinq ans. Lentement mais sûrement. Alors qu’elles s’élevaient à 506 millions d’euros en 2016, elles ont avoisiné les 522 millions en 2020 et auraient même dépassé les 527 millions sans les gains liés à la crise sanitaire (moindres déplacements des députés, séances restreintes, etc.). Et si le premier questeur LREM de l’Assemblée nationale, Florian Bachelier, qui tient les cordons de la bourse, affiche volontiers « 80 millions d’économies en quatre ans », son calcul se base sur l’écart entre des dépenses prévisionnelles élevées et des dépenses finalement réalisées plus faibles. « Une manière de comptabiliser un brin artificielle », raille un connaisseur des finances du Palais-Bourbon.

Dans les faits, depuis 2017, les moyens alloués aux députés ont plutôt augmenté : hausse de 10 % de l’enveloppe pour salarier leurs assistants, passage de 900 à 1 200 euros du plafond de remboursement d’un loyer pour un pied-à-terre à Paris, augmentation de 15 % des crédits pour la téléphonie, les taxis ou le courrier. Tandis que, malgré les annonces, la nouvelle majorité n’a pas taillé dans la très généreuse masse salariale des 1 200 fonctionnaires de l’Assemblée, qui touchent en moyenne 7 743 euros brut mensuels, plus qu’un député (7 240 euros) ! « La réforme de la fonction publique parlementaire n’a pas été abandonnée, assure Florian Bachelier. Nous avons augmenté la part des contractuels de 12 à 22 % et d’autres changements auront lieu d’ici à 2022. »

En attendant, l’Assemblée doit puiser plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année dans ses réserves pour boucler son budget. « Ce n’est pas un fonctionnement pérenne, reconnaît la députée LREM et questeure Laurianne Rossi. Il faudra augmenter à terme la dotation versée par l’Etat. » Depuis 2012, par mesure d’exemplarité, cette enveloppe est en effet « gelée » à 518 millions d’euros et n’a même pas suivi la hausse des prix, ce qui représentait un manque à gagner de 40 millions annuels l’an passé. « C’est un choix assumé de ne pas réclamer un euro de plus aux contribuables s’enorgueillit Florian Bachelier, qui rappelle que le Palais-Bourbon dispose toujours de 290 millions de réserves financières. De quoi éponger encore quelques années de déficits.

Que dire de plus ?…

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