Bien au-delà du boniment

Il m’est bien égal qu’un député (d’un bord ou d’un autre) se pavane ici ou là en costume de premier questeur de l’Assemblée Nationale, mais je l’en supplie : qu’il soit digne de sa fonction.

Que Florian Bachelier soutienne dans l’émission « 7 en Bretagne » diffusée sur TVR, Tbéo et TébéSud ce 22 janvier 2022 que, depuis 2017, l’Assemblée Nationale a réalisé 94 millions d’économies de fonctionnement sous sa houlette est un pur mensonge.

Les résultats pour l’année 2021 ne seront publiés qu’au cours du mois de mai prochain, mais voici déjà les résultats constatés aux comptes administratifs des années antérieures (en M€) :

Ils sont indiscutables et ont été repris comme ci-dessous par la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire de l’Assemblée Nationale à l’occasion du projet de loi de finances pour 2022 :

A supposer qu’à l’origine Florian Bachelier ait été de bonne foi, il ne peut plus ignorer que ses résultats magiques ne découlent que d’un écart entre des dépenses prévisionnelles volontairement et fortement sur-évaluées (pour justifier le maintien à l’identique depuis maintenant 10 ans de la dotation annuelle de l’Etat qui est très largement sur-dimensionnée, alors que l’Assemblée Nationale dispose d’importantes réserves) et des dépenses finalement réalisées qui sont alors mécaniquement beaucoup plus faibles (comme tous les ans, évidemment).

C’est exactement comme si, en ce qui me concerne, je prévoyais en début de mois de dépenser beaucoup plus que je n’ai sur mon compte courant et que je considérais en fin de mois avoir fait des économies, parce que – même après avoir tapé dans mon compte d’épargne – je n’ai pas tout dépensé ce que j’avais prévu… et que j’additionnais ces économies mensuelles fictives en répétant la manœuvre tous les mois, comme si – par-dessus le marché – ces pseudos économies mensuelles étaient cumulables !… Je vous assure que c’est du grand n’importe quoi !!!…

« Une manière de comptabiliser un brin artificielle », raille un connaisseur des finances du Palais-Bourbon avec un maximum de délicatesse (voir à ce sujet la revue Challenges du 19 juin 2021).

Je ne déteste pas l’humour, mais dans le cas d’espèce j’entends appeler un chat un chat, et je soutiens que prétendre effrontément réaliser des économies qui n’en sont pas relève de l’escroquerie intellectuelle et, pour un député de la Nation, également de l’abus de confiance.

Ce n’est pas la première fois que je dénonce cet indigne procédé (voir ICI mes contributions antérieures à ce sujet) et je crains malheureusement que cela risque de ne pas être la dernière.

2 commentaires

  • Mouroux

    Bien vu ! Il est atteint par le formatage publicitaire qui nous persuade que les économies que nous faisons sont les sommes que nous aurions dépensées. Exemple: en achetant un lot de 3 au prix de 2, vous économisez le prix du 3ème. En réalité, j’économise le prix de 2 si je n’en achète qu’un car je n’en ai besoin que d’un.

  • A mon avis, il y a largement matière à réfléchir sur le rapport qu’un avocat d’affaires peut (plus ou moins légitimement) entretenir avec la vérité… « en même temps » qu’il y a matière à réfléchir sur l’incapacité du même à s’inscrire dans des processus qui se veulent le plus possible démocratiques.

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