Scène de ménage, en effet

La presse se fait abondamment l’écho d’une « scène de ménage » entre le député Florian Bachelier (LaRem) et le député François Ruffin (LFI) à propos de la rémunération (et plus généralement des conditions de travail) des femmes de ménage intervenant à l’Assemblée Nationale, dont le tiers seulement exercerait à temps complet pour une rémunération dix fois moindre que celle du premier questeur.

Via le quotidien Ouest-France, Florian Bachelier le conteste.

Mais qu’en est-il exactement ?

Au 1er janvier 2019, les indemnités mensuelles brutes d’un député de base se montaient à : 7.239,91 €.

Par ailleurs, les 3 questeurs bénéficiaient d’une indemnité spéciale mensuelle de 5 024,49 € bruts, qui n’est absolument pas destinée à « gérer les salons de la questure » comme le prétend Florian Bachelier.

Il s’agit en effet d’une indemnité « destinée à compenser des sujétions attachées à l’exercice de certaines fonctions » et absolument pas destinée à couvrir des frais de mandat. Cette « indemnité spéciale » est d’ailleurs soumise à l’impôt sur le revenu.

Total des indemnités perçues par Florian Bachelier : 12.000 euros bruts mensuels, comme l’affirme François Ruffin.

Evidemment, comme pour tout député, différents moyens matériels sont en complément mis à la disposition de Florian Bachelier pour lui permettre d’exercer son mandat, « conformément à ses propres besoins » (voir le règlement de l’Assemblée Nationale), dont (pour les métropolitains) :

  • une avance sur frais de mandat et de secrétariat pour faire face aux diverses dépenses qui ne sont pas directement prises en charge ou remboursées par l’Assemblée : 5.373 euros mensuels
  • des crédits affectés à la rémunération de collaborateurs : 10.581 euros par mois, sachant que les charges patronales, sociales et fiscales, afférentes aux rémunérations financées par ce crédit sont prises en charge, hors crédit, par l’Assemblée nationale
  • Mais aussi :
    • des facilités de circulation qui permettent de se passer d’un chauffeur : SNCF, métro, taxis en France et à l’étranger… sans compter 80 passages entre Paris et la circonscription lorsqu’elle est desservie par une ligne aérienne régulière, ainsi que 12 passages en avion pour toute destination hors circonscription, en France métropolitaine, pour lui ou sa conjointe
    • un crédit pluri-annuel d’équipement informatique et téléphonique qui s’est s’élevé à 15.500 €
    • une dotation matérielle de 18.950 € chaque année qui permet de prendre en charge par exemple les frais relatifs à cinq lignes mobiles (abonnements téléphoniques et abonnements tablette) et aux installations de téléphonie fixe et internet dans la permanence de circonscription ou encore les frais d’affranchissement du courrier
    • d’importantes facilités de restauration et d’hébergement (pour les détails, j’invite Florian Bachelier à consulter son protégé, voisin de circonscription : Mustapha Laabid, qui préside le conseil d’administration de l’AGRAN : l’association de gestion des restaurants de l’Assemblée Nationale improprement dits administratifs, qui s’est fait deux fois doublement épinglé pour s’être fait rembourser par l’Assemblée Nationale des frais d’hôtel qu’il avait réglé avec la carte bancaire de l’association dont il a détourné les fonds.

C’est se couvrir de ridicule que de prétendre que le fonctionnement de la questure est à sa charge, mais ça fait du bien de rigoler en ce moment.

Il ne reste plus qu’à mettre tout cela en relation avec le salaire des femmes de ménage de l’Assemblée Nationale, et singulièrement avec les deux tiers d’entre elles dont l’exercice à temps partiel ne semble pas correspondre à un temps choisi.

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