Prenons le temps de lire

Ainsi donc, brutalement confronté à « l’affaire de Rugy », le Premier Ministre a déclenché une enquête dont les conclusions lui ont été rendues le 17 juillet (il y a déjà 5 jours : ce qui explique un certain nombre de fuites probablement orchestrées).

le rapport d’enquête

Il s’agit d’une enquête menée par (simple) audition de collaborateurs, qui a été confiée à une proche collaboratrice : la « cheffe de la mission d’organisation des services du Premier Ministre » : comme ça, on est tranquille puisque ça reste en famille.

On lit par exemple que « les règles de la commande publique ont été globalement respectées », alors que les pièces jointes, que l’écrasante majorité des médias ne vont certainement pas prendre soin d’étudier soigneusement, démontrent qu’il y a eu de nombreux écarts à la règle (c’est l’ex directeur des affaires financières d’une importante collectivité publique qui parle).

Au total, il s’agirait en définitive de travaux payés 64.523 euros auxquels s’ajoutent 10.552,59 euros de dépenses d’équipement et d’ameublement (c’est nouveau), soit finalement d’un dossier d’un montant de 75.075,59 euros.

Ça commence à faire beaucoup.

Il est question de prestations commandées non effectuées (exemple de la peinture des sanitaires pour 4.911,76 euros), mais également de prestations effectuées non commandées (exemple les travaux de parquet pour 2.880 euros, mais aussi de peinture… et pas seulement) : « L’ensemble des agents auditionnés expliquent ces absences de contrôle précis des devis et d’émission des bons de commande rectificatifs par des délais de réalisation contraints ». La vie n’est pas facile au Ministère de l’écologie et de la transition   😉

Ce qui me frappe… c’est que, en même temps que sont abondamment produits des devis et consécutivement des bons de commande, il n’y a aucune facture : ce serait tellement compromettant.

Concernant le dressing dont il a beaucoup été question : oui, c’était en réalité un placard… comme le souligne le quotidien Ouest-France étonnamment vigilant pour une fois (mais pas à 17.000 euros, puisque « seulement » à 15.437,66 euros déduction faite des 2 petits meubles bas sur roulettes destinés à la salle de bains !…)

Mais c’est justifié par le fait que François de Rugy « accueille occasionnellement 3 enfants » puisqu’il y a un « manque de capacités de rangement dans ce type de logement ancien » (je me moque).

En réalité, je me demande combien de familles recomposées peuvent se permettre de faire réaliser 15.000 euros de placards dans le couloir qui mène à la cuisine pour accueillir exceptionnellement, voire très exceptionnellement, leurs enfants… puisque c’est bien de cela dont il s’agit.

Concernant les équipements (dont il n’avait jamais été question précédemment), j’adore les formulations employées :

« Le montant de l’ensemble des fournitures commandées et payées, en l’état des informations fournies, s’élève à 10.552,59 euros »

« En outre, il ressort des informations fournies par le ministère de la transition économique et solidaire que le coût des besoins exprimés a été ajusté à la baisse, par le pôle des moyens généraux et de l’évènementiel du département en charge de la maintenance et de l’entretien de l’hôtel de Roquelaure, s’agissant notamment des rideaux »

M’enfin, il me semble que plus de 10.000 euros de bricoles commandées (en plus des travaux), ça fait quand même beaucoup.

Au passage, je relève que – curieusement – il n’est pas question de sèche-cheveux dans cette liste fournie par le ministère. Mais enfin, où est passé ce sèche-cheveux que François de Rugy a dit avoir laissé en partant ?…    😉

Si je devais résumer :

  • je trouve que tout cela contraste beaucoup avec les 5 photos – on ne peut plus misérabilistes – qui sont jointes au rapport d’enquête : ça me rappelle les heures les plus sombres de la Roumanie… 😉
  • oui, j’ai ma petite fierté (désolé) : je déteste être pris pour un imbécile

 

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