Promouvoir la solidarité internationale … ainsi que le bien-être des agents

Je lis sur le site www.ille-et-vilaine.fr que le Département vient de fêter les 10 ans du Congé Solidaire® : un dispositif dans lequel il s’est engagé en partenariat avec l’association Planète Urgence,  « afin de promouvoir la solidarité internationale, la diversité et les relations interculturelles ainsi que le bien-être des agents ».

De fait, ce dispositif permet à chacun de joindre l’utile à l’agréable au cours de ses vacances. Et c’est tout à l’honneur des 100 agents qui sont partis ces 10 dernières années d’y avoir consacré jusqu’à 2 semaines de leurs congés annuels.

C’est aussi tout à l’honneur du Département de l’avoir favorisé.

Mais ne soyons pas trop naïfs !…

Les frais de mission sont constitués de frais d’hébergement, repas, transports locaux, assurance… mais aussi des frais d’ingénierie (avant, pendant et après la mission) auxquels il faut ajouter principalement le prix du billet d’avion.

Un agent non « sponsorisé » (sic) doit acquitter à Planète Urgence 1.850 euros par mission et par ailleurs régler son billet d’avion ainsi qu’un certain nombre de dépenses associées (visas, vaccins…), le tout donnant lieu à déduction fiscale de 66 % dans la limite de 20 % du revenu imposable.

Or, voici 10 ans que le Département d’Ille-et-Vilaine prend en charge la totalité des frais de ses agents y compris les billets d’avion via une subvention annuelle qu’il verse à l’association Planète Urgence, pour un montant cumulé qui atteint à ce jour plus de 300.000 euros (d’où son statut de « partenaire mécène »).

Au Département, les Congés Solidaires® sont des congés qui ne coûtent rien aux agents.

Je déduis de tout cela que, dès lors que le Conseil départemental entend valoriser ses collaborateurs et se valoriser lui-même, il ne faudrait pas qu’il oublie de faire preuve simultanément d’une certaine reconnaissance à l’égard des contribuables… qui sont certainement bien loin d’imaginer qu’ils financent intégralement chaque année – à priori pour de bonnes causes – de l’ordre d’une dizaine de congés tous frais payés à hauteur d’environ 3.500 euros chacun par voie de subvention.

4 commentaires

  • Montant de la subvention : 2010 : ? – 2011 : ? – 2012 : 35.000 € – 2013 : 35.000 € – 2014 : 35.000 € – 2015 : 36.000 € – 2016 : 25.200 € – 2017 : 25.200 € – 2018 : 37.000 € – 2019 : 38.800 €

  • Philippe

    Patrick,
    Tu me donnes de plus en plus envie d’être embauché au Conseil Départemental ! ☺☺☺
    c1si

  • Pour la bonne compréhension du sujet, je publie fidèlement ci-dessous un Tweet de l’association Planète Urgence que je vais faire suivre de mes propres observations :

    Bonjour monsieur,
    Nous avons bien lu votre article et nous tenions à revenir sur certains points.
    Les missions se déroulent sur le temps de congés, certes, mais ce ne sont aucunement des vacances. En effet, les volontaires se déplacent pour partager leurs compétences et travaillent donc toute la semaine. C’est un don de temps qui complète les subventions que peut accorder chaque année le Conseil départemental pour des projets de développements, à Madagascar entre autres. Le partage de compétences n’est-il pas aussi important que les dons financiers ? Nous sommes une association à but non lucratif et reconnue d’utilité publique, et nous vous invitons à consulter cette page afin de comprendre comment est réparti le financement d’une mission : https://planete-urgence.org/financement
    Enfin, nous vous invitons également à vous rendre sur notre site et à consulter les fiches d’impact (https://planete-urgence.org/impact) ou les rapports de missions des volontaires sur le terrain. Et si vous même vous donniez 2 semaines de vos congés pour aider nos partenaires locaux ? Nous restons à votre disposition si vous souhaitez en savoir plus.

    L’équipe de Planète Urgence.

  • Et voici copie de ma réponse :

    1. Je n’ai pas écrit que les missions étaient des « vacances ». J’ai écrit très précisément que « ce dispositif permet à chacun de joindre l’utile à l’agréable au cours de ses vacances ». Je n’ignore pas la charge ludique du mot « vacances », mais je vous invite à relire la définition qu’en donne notre bon vieux Larousse : « période légale d’arrêt de travail des salariés, pendant laquelle de nombreuses personnes se déplacent »

    2. Il n’est pas exact de dire que les missions seraient « un don de temps qui complète les subventions que peut accorder chaque année le Conseil départemental pour des projets de développements, à Madagascar entre autres ». Ce qui est vrai, c’est simplement que « La priorité est donnée aux missions se déroulant dans le pays avec lequel la collectivité développe des projets de coopération » : ni plus, ni moins (il y a un énorme écart avec votre formulation).

    3. En parcourant votre site, j’ai noté avec intérêt que la moitié seulement des salariés s’engagent avec le soutien de leur employeur. Il faut donc plus spécialement saluer l’autre moitié.

    4. Vous m’invitez à consulter une page qui permettrait de « comprendre comment est réparti le financement d’une mission », mais il se trouve que cette page fait précisément l’impasse sur la possible contribution du secteur public en général et des collectivités territoriales en particulier qui ne bénéficient d’aucun avantage fiscal. Ces dernières répercutent donc intégralement leurs subventions dans les impôts locaux.

    5. Vous m’invitez également à consulter les « fiches d’impact » ou les rapports de missions des volontaires sur le terrain. Ce serait en effet très intéressant, mais je n’ai vu aucune fiche d’impact concernant directement les agents du Département et les rapports de mission des volontaires sur le terrain ne sont pas diffusés.

    6. Vous m’invitez enfin à consacrer personnellement 2 semaines de mes congés pour aider vos partenaires locaux. Mais (vous ne pouvez pas le savoir, d’autant que je n’ai pas l’habitude de le mettre en avant) il se trouve que je suis en retraite depuis bientôt 10 ans et que, sur cette période (comme au demeurant bien avant, pendant mes congés annuels), je pense avoir contribué à la solidarité internationale (à la fois sur mon temps et sur mes deniers personnels) très largement au-dessus de ce que sont apparemment vos attentes à l’égard des particuliers. Merci par conséquent de bien vouloir considérer cette dernière invitation comme étant totalement sans objet.

    PS : sauf erreur de ma part (que vous saurez corriger), le dispositif « Congé Solidaire » est certes une marque ® déposée par l’association Planète Urgence qui est reconnue d’utilité publique, mais (au contraire du dispositif des « Congés de Solidarité Internationale ») ce n’est nullement une disposition du code du travail… d’où l’importance de raison garder sur tout ce que l’on peut dire à ce sujet.

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