Ils sont devenus complètement fous

Le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine vient de voter le principe d’une taxe additionnelle de 10 % à la taxe de séjour sur les hébergements touristiques qui est perçue par d’autres collectivités territoriales.

Et, comme d’habitude, le quotidien Ouest-France – qui ne fait que reproduire ce que ses correspondants au Conseil départemental veulent bien lui raconter – est tombé en plein dans le panneau, en titrant que :

Le département d’Ille-et-Vilaine vote une taxe 3 centimes d’euros par touriste

La vérité est que nos élus sont prêts à tout et à n’importe quoi pour justifier leurs décisions.

Solène Michenot, conseillère départementale, Présidente du comité départemental du tourisme, estime que cette taxe additionnelle est légitime :

« Le tourisme est un champ concurrentiel très fort. Aujourd’hui nous sommes concurrencés par la Tunisie, la Grèce, etc… ».

En ce qui me concerne, je doute que – ce faisant – nous allions concurrencer « la Tunisie et la Grèce, etc »… mais enfin…

Pour Bernard Marquet, Vice-président en charge de l’économie et Christophe Martins, Vice-président délégué aux finances : rapportée aux 12 millions de nuitées réalisées en 2018,

« ce sera une somme moyenne de 3 centimes d’euros par touriste et par nuitée»

C’est à l’évidence une présentation complètement fallacieuse, puisque tous les touristes ne sont pas assujettis à cette taxe, qui – comme son nom l’indique – est tout bêtement une taxe additionnelle de 10 % à la taxe de séjour.

En réalité, c’est très simple de se faire une opinion, puisqu’il existe un service du Ministère des finances qui permet de connaître la taxe de séjour perçue par territoire :

http://taxesejour.impots.gouv.fr/DTS_WEB/FR/?A15

On peut en conclure que la taxe additionnelle représente, par exemple et par nuitée :

  • dans un hôtel ou un meublé en attente de classement, du côté de Redon, effectivement 3 centimes d’euro

mais :

  • dans un hôtel ou un meublé 2 *, du côté de Dol-de-Bretagne, le double de cette estimation
  • dans un hôtel ou un meublé 2 *, du côté de Dinard ou de Saint-Malo, le triple de cette estimation
  • dans un hôtel ou un meublé 3 *, situé dans Rennes Métropole, le quadruple de cette estimation

et il faut savoir qu’aux dires du conseil départemental du tourisme lui-même, 80 % des nuitées du département ont été réalisées autour de Rennes ou de Saint-Malo au cours du premier semestre 2018.

Pour un couple de touristes, n’oubliez pas de multiplier le montant par 2…   😉

Au demeurant, le Président Jean-Luc Chenut n’a pas l’air exactement du même avis que ses Vice-Présidents, puisqu’il a commencé par déclarer de son côté que :

« cette nouvelle taxe ne représentera que 20 centimes supplémentaires en moyenne »
(c’est quand même pratiquement 7 fois plus)

Mon propos n’est pas partisan et je souhaite qu’il ne soit pas instrumentalisé, mais j’en ai vraiment marre de ces impostures à répétition, d’où qu’elles viennent, qui ne me paraissent pas dignes d’un fonctionnement démocratique.

La vérité est qu’à partir de 2020, le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine attend chaque année de cette décision – qu’il est le premier de la région à prendre – de l’ordre de 400.000 euros d’argent frais, et j’ai failli m’en réjouir avant d’y réfléchir.

Je me disais que cette nouvelle recette – parfaitement légale – pourrait financer les solidarités humaines, qui sont au cœur des compétences des collectivités départementales… mais je viens de lire qu’elle serait destinée à financer l’ingénierie du tourisme que j’avais perçue comme étant prioritairement de la compétence régionale (voir ici).

Ça change tout.

Dans ces conditions, la décision départementale qui a été prise – à la hussarde, sans concertation avec qui que ce soit – me paraît une parfaite illustration de l’échec de la loi NOTRe, qui prétendait mettre un peu d’ordre dans le mille-feuilles administratif découlant de l’imbroglio de compétences des collectivités territoriales.

Nous en espérions naïvement des économies, mais nous voilà confrontés à des surcoûts de fonctionnement.

Je ne peux pas cautionner ça.

Un commentaire

  • Pour les plus attentifs, voici un petit extrait de FaceBook. 😉

    Mickael Gadault : Il serait tout de même souhaitable que les rédacteurs apprennent les règles typographiques, un jour ! On ne met pas (…) après (etc) !

    Patrick Jehannin : C’est juste !… Merci de l’avoir relevé.

    A ma décharge, j’ai commis la faute pour pointer vers un article du quotidien Ouest-France dans lequel il est écrit :

    Le tourisme est un champ concurrentiel très fort. Aujourd’hui nous sommes concurrencés par la Tunisie, la Grèce, etc. (c’est bon)
    Les plages de Saint-Malo, Dinard ou de Cancale, les secrets de la forêt de Brocéliande, le château de Fougères, etc… Le département d’Ille-et-Vilaine est très prisé des touristes. (possible double faute : les points et la majuscule… mais ça se discute)

    Ceci dit, je ne risque pas d’y perdre mon latin puisque je n’ai jamais fait de latin… 😉

    Par contre, j’adore les points d’exclamation, les points d’interrogations, les points de suspension, et cætera. 😉

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