Quelques nouvelles du front
Coucou,
Je me suis autorisé aujourd’hui une petite pause à Edinet, avant de tenter de franchir demain la frontière Ukrainienne.
Je vous avais laissés en Roumanie, un peu après avoir franchi les Carpates, avant la dizaine de jours que j’ai passés en immersion profonde en Moldavie, après 3 heures d’attente à la frontière pour cause de panne informatique, suivies d’un tremblement de terre de force 5 à 6… qu’en parfait optimiste, j’ai trouvé très sympa dans mes rêves de train passant sous la maison.
Je ne m’étais pas fait secouer comme ça depuis mon berceau. 😉
Il m’est évidemment totalement impossible de « rendre compte » ici de cette « séquence » qui est pourtant la plus importante. Je me borne donc à laisser quelques très brèves nouvelles du front !…
Pour faire court, je dirais que ce séjour a été grossièrement encadré par deux festivités dans la capitale :
- le premier week-end, c’était la Bostaniada (comprenez la 5ème édition du grand festival des courges : un « festival etno-gastronomic » qui se tient tous les ans au jardin botanique de Chisinau)
- le second week-end, c’était la 15ème édition de la grande fête nationale du vin, à Chisinau aussi (de l’ordre de 100.000 participants) : un must !…
Je ne vous raconte pas (notamment les chants et les danses de l’ensemble traditionnel national) puisque ceci n’est pas un carnet de voyage (et surtout que ce serait beaucoup trop long), mais sachez quand même qu’avec le doudou on s’est bien marrés. 😉
Ceci dit, tout ça n’est rien à côté des « tournées » que nous avons faites toute la semaine avec mes amis, dans les familles de mes amis, chez les amis de mes amis aussi, de village en village, en vraie Moldavie.
Comme chaque fois, je suis resté scotché par l’hospitalité moldave qui est décidément tout-à-fait « hors normes ».
Un couple vous laisse sa chambre, chacun allant dormir sur sa banquette dans le couloir; une grand-mère vous offre la couverture qu’elle a tissé quand elle était jeune fille…
Quelle que soit l’heure, on ne rentre jamais chez quelqu’un sans que la table soit en quelques minutes couverte de mets, de vin, de tsuica ou/et de divin (c’est-à-dire de cognac, prononcer divine) : on sort tout ce que l’on a (demain est un autre jour et tant pis s’il est bien possible que l’on manque à partir de demain), et puis après on ne part jamais sans faire un petit tour dans la cave dont chacun est si fier (de ses barriques que l’on est en train de remplir et de ses conserves que l’on vient de faire).
On s’est un peu dépensés à cueillir le raisin (si, si : à droite, c’est bien moi, comme je vous disais, en pleine immersion… et en dessous c’est bien le doudou) :
Je signale quand même que d’autres fois , on a fait la promotion du cidre breton 😉
Ah, là… j’allais oublier de vous dire que c’est le doudou qui a pris la photo.
C’est un régime éprouvant !!!…
Je vous épargne les très nombreuses autres tables : il y en a eu tant, et puis vous n’avez peut-être plus faim ?… 😉
Mais ça, car exemple, ce n’est que la première partie d’un petit déjeuner en Transnistrie :
On en a profité parfois pour égrener les souvenirs d’antan…
On ne repart jamais de chez quelqu’un sans quantité de confitures, conserves, miel, vin, tsuica, cognac, préparations culinaires diverses (je ne vous montre pas le coffre de la voiture, qu’il va falloir que j’organise très sérieusement pour essayer de passer les frontières : c’est pas gagné !…).
Songez à quel point tout le monde est capable de se mettre en 4 pour l’étranger de passage (et même un peu plus si vous comptez bien) si je vous dis que pour aller en Transnistrie, j’étais :
- accompagné de Rodica (roumanophone, russophone et francophone : ce n’était pas de trop)
- accueilli par sa tante Valentina (transnistrienne) qui nous a guidés partout et par son époux Vladimir (retraité de l’armée soviétique, travaillant jour et nuit par tranches de 72 heures consécutives, qui parle si scrupuleusement le roumain de la méthode Assimil que je le comprenais presque totalement !…)
- toujours précédés de son fils Serguei au volant de sa camionnette, dans le rôle de pilote et de garde du corps !…
- confortés enfin par Galina, la responsable de l’antenne de l’alliance française de Chisinau à Tiraspol (une roumaine d’origine moldave ayant épousé un russe d’origine moldave, très cultivée, parfaitement francophone et super serviable)
Quelle mobilisation !…
Un petit mot de la Transnistrie, quand même : toutes ces choses abominables qu’on peut lire sur le site du Ministère des affaires étrangères ou/et dans « Le petit fûté » me paraissent assez loin de la réalité : j’ai passé la pseudo « frontière » sans encombre, j’ai pris toutes les photos que je voulais, et après avoir signé le livre d’or à l’Université, j’ai remonté la grande avenue avec Galina jusqu’à la maison des Soviets sans le moindre souci. Jamais je ne me suis senti en insécurité, mais il est vrai que j’étais bien escorté !…
Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de bonnes anecdotes à raconter, mais ça me paraît du niveau du folklore… même si Rodica qui m’accompagnait en a davantage souffert que moi puisqu’on ne voulait pas la laisser rentrer chez elle au motif qu’elle ne s’était pas enregistrée à l’entrée (enfin : entre les amendes/batchiches – on n’en sait trop rien – on s’en est tiré pour 300 lei moldaves, soit moins de 15 euros).
Au cours de mes « ballades », je me suis fait une copine à la maison de retraite de Draganesti, que j’ai visitée parce qu’en chemin on m’a demandé si je pouvais parler de mes voyages dans une maison de retraite à Nantes et que je relèverais bien le défi (ça me changera de l’Institut d’études politiques, de l’Ecole supérieure de commerce, des associations humanitaires, d’éducation populaire, d’aventuriers du bout du monde, etc… mais ça suppose un nouveau format de restitution).
Je note au passage que c’est déjà au moins ma 3ème demande en mariage en Moldavie !… 😉
Tout au long de ce trop court séjour, une nouvelle fois, j’ai eu la chance d’être reçu et hébergé par des personnes parmi les plus modestes auxquels je ne rendrai jamais assez hommage, comme par des amis plus entreprenants et/ou plus influents.
Il a donc fallu s’adapter chaque jour…
L’un deux m’a dit avoir écourté un rendez-vous avec le Premier Ministre avant de nous attendre sans succès samedi dernier pendant près de 4 heures en plein centre de Chisinau (zut) !… Un autre m’a invité aux meilleures tables de la ville, et ça m’a fait tout drôle de monter dans son énorme Range Rover Vogue de luxe (qui n’a pas 2 ans, mais qu’il va être temps de changer), garé auprès de la Porsche Cayenne de sa femme.
La Moldavie est une terre de contrastes où les classes moyennes n’ont pas le niveau de vie des classes les plus modestes en France, et c’est choquant.
Ce que je retiens par-dessus tout, mais ce n’est pas une découverte, c’est que les Moldaves de toutes les conditions sont extraordinairement positifs et souvent magnifiquement lumineux.
Bien sûr, à la campagne, les toilettes sont encore souvent dans le jardin… c’est comme ça et ce n’est pas autrement :
Quand il commence à faire froid, la bouillotte… ça peut être simplement une bonne bouteille d’eau chaude… et c’est curieux, mais ça tient jusqu’au petit matin (ne me demandez pas pourquoi) :
Comme Alexandru, dès leur plus jeune âge, les enfants savent déclamer des poèmes et chanter des chansons en hommage aux visiteurs :
On ne leur arrive pas à la cheville, de ces sacrés Moldaves.
Et ils restent jusqu’au bout pleins d’humour et d’énergie… comme en témoigne magnifiquement la maman de Nicolae qui a largement plus de 80 ans, compose, chante et se moque de la mort : en général – y compris de celle de son mari – mais aussi en particulier de la sienne en éclatant de rire…
Je vous invite donc à prendre 3 minutes pour écouter Viera (que le doudou a admiré aussi quand elle a visionné sur mon portable la vidéo de ses filles découvrant le Finistère au printemps, et donc l’OCEAN ATLANTIQUE !!!…)
Après avoir poussé la chansonnette, elle nous explique pourquoi elle est incontestablement la reine de la Moldavie, puis elle se demande si c’est bien ce qu’elle fait là (« peut-être que c’est avant la mort ?… » dit-elle dans un fou-rire) ou encore pourquoi et comment, en arrivant au cimetière, elle va virer tous ceux qui y sont déjà, parce qu’ils n’ont rien fichu pendant qu’elle se démenait. Elle a d’ailleurs prévu d’aller se plaindre au Parlement avant d’aller au cimetière : un morceau de bravoure !…
https://www.youtube.com/embed/wLhn3OtfwgQ
superbe !
Quel magnifique récit et de si belles rencontres. C’est le pays de cocagne vu les images des ripailles et des récoltes. Ces gens sont généreux mais surement modestes. Vous avez trouvé un sosie sur place ? En photo deux vous êtes en casquette et il y a votre double en chapka. Et les dames sont des jumelles ? 😉
Je salue Patrick d’etre desirant de decouvrir la Moldavie/
Pour être complet… il y a eu un avant et un après, dont j’ai rendu compte au bout des liens suivants :
Quand faut y’aller, faut y’aller…
En route pour la Bordurie
Moi ça va bien, et vous ça va ?…
Coucou , c’est nous !…
Rentrons dans les terres
En direct de Tuzla
De Bosnie en Serbie
Et nous voici en Roumanie
Traversons les Carpates
Quelques nouvelles du front
Un petit coucou d’Ukraine
Ici Серий
On ne peut pas être partout
Traversée de l’Ukraine
En Slovaquie
Ça sent l’écurie !…
Home, sweet home
Merci.
Super article ! Je suis ravie de voir que des gens visitent et aiment mon pays 🙂
Si ça vous intéresse, j’ai écrit quelques articles sur la Moldavie sur mon blog http://kseniya.fr :
http://kseniya.fr/moldavie-les-10-incontournables
http://kseniya.fr/la-cuisine-moldave-voici-quelques-incontournables
Bonjour,
J’avais bien repéré votre blog : super blog !…
Quel parcours !!!…