Je n’ai pas un coeur de pierre
J’ai publié ce matin ce document que je trouve assez émouvant :
Cette lettre date du lendemain du jour de la publication au Journal Officiel du changement de nom des Côtes-du-Nord pour celui des Côtes-d’Armor.
Je l’ai dénichée aux archives départementales, alors que je cherchais à vérifier la prétendue paternité du publicitaire Jacques Delanoë sur l’actuelle appellation du Département (une complète affabulation), ainsi que sur sa prétendue contribution à l’adoption du gentilé « Costarmoricain » (une assertion tout aussi mensongère, mais beaucoup plus sournoise, puisqu’elle est à la base du marché pour « la création et le lancement d’un gentilé pour l’Ille-et-Vilaine » que le Département a conclu le 18 avril 2013, sans publicité ni mise en concurrence).
J’avais préalablement vérifié, dans les « fonds » d’archives Alphonse Boulbain et Charles Josselin, qu’au cours de la trentaine d’années précédant la décision, le Département des Côtes-du-Nord n’avait à aucun moment eu la préoccupation d’adopter un gentilé, ne serait ce que parce qu’à l’époque, les Départements ne disposaient pas de la fameuse « clause de compétence générale » qui leur a permis par la suite de croire qu’ils pouvaient faire à peu près n’importe quoi, que la loi n’a pas prévu… au motif du droit qu’ils revendiquent à l’innovation.
Mais il est vrai aussi qu’en 1989, le « marketing territorial » n’était pas ce qu’à l’évidence il est devenu de nos jours.
Personne n’aurait imaginé déposer un nom de marque industrielle auprès de l’INPI avant d’en user soi-même à tort et à travers, de le distiller vers les médias (dont je suis obligé de constater qu’actuellement les témoignages d’inculture sont fréquents et l’indépendance très relative), d’appâter une myriade d’associations subventionnées, d’enjoindre les partis politiques amis à s’associer à la promotion du « bidule » (n’importe comment), ou de jouer sur l’apathie de la majorité des premiers concernés : les habitants, dont je crains qu’au réveil, ils se tournent un jour, à leurs risques et périls, vers des aventuriers ou des aventurières encore moins conscient(e)s et moins préoccupé(e)s de ce que doit être une démocratie.
Je crois que ce qui souciait les élus, c’était le nom du territoire, et c’est tout…
En ce qui me concerne, je ne suis pas farouchement opposé à ce que les habitants d’un territoire (voire d’une circonscription administrative héritée de l’histoire) portent un nom, quand il émerge naturellement sans faire de l’ombre aux autres.
Je ne déteste pas l’appellation « Costarmoricain » parce qu’elle vient directement du peuple, et qu’elle ne s’est imposée que par l’usage… sans l’intervention (onéreuse et orientée) de je ne sais quel publicitaire, appointé comme si c’était un milicien recruté pour défendre une cause cachée… comme par exemple l’idée très discutable que les Conseils Généraux ne doivent pas disparaître (clic).
z’êtes au courant que le finistère aussi va changer de nom ? ça sera le « commencetère », mot jugé plus positif…