Une course à l’échalotte

Le jeu consiste à reconstituer une histoire en essayant de lire entre les lignes. 😉

Le lundi 23 janvier 2012 : en clôturant les échanges, le quotidien Ouest-France indique qu’en 15 jours, il a reçu 858 messages contenant 1.134 propositions de noms pour les habitants d’Ille-et-Vilaine, dont 495 gentilés différents… et précise que le nom le plus cité est « Breizhillien » qui revient 78 fois sous différentes orthographes (avec ou sans « h », avec un ou deux « l »), talonné par « Ille-et-Vilainois » (48 mentions) .

Le mercredi 25 janvier 2012 : Régis Autret (ALT Consultant) achète les noms de domaine breizhillien.fr, breizhillien.com ainsi que breizh-illien.fr et breizh-illien.com (masculin, singulier)

Du jeudi 26 janvier 2012 au samedi 4 février inclus : déroulement du sondage Ouest-France portant sur une liste limitée à 10 noms, avec la possibilité de voir à tout moment les résultats provisoires

Le mardi 6 février 2012 : les résultats connus, Olivier Lebreton de Breteil achète breizhillien.net

Le lundi 9 juillet 2012 : le Conseil général achète les extensions courantes restantes pour breizhillien et breizh-illien (soit : .org, .net, .xxx, .eu) à l’exception de .biz et .info, ainsi que les extensions courantes de breizhilois – avec un seul « l » (soit : .fr, .com, .org, .net, .xxx, .eu) à l’exception de .biz et .info. Il achète en outre les mêmes extensions pour un seul autre nom : britilien (avec un seul « l »)

Le 23 mai 2013 : réunion du comité dit d’experts

Le 17 juin 2013 (matin) : réunion de la Commission n° 5 du Conseil général, qui examine 3 possibilités : Britillien, Bretillien, et Haut-Breton, et n’en retient que 2 : Bretillien et Haut-Breton.

Le 17 juin  2013 (après-midi) : le Conseil général s’en tient à sa collection incomplète pour breizhillien, breizh-illien, et breizhilois (il manque les extensions .info et .biz) et il s’en tient aussi au singulier de ces appellations. Il prend soin par contre de compléter britilien dans les extensions .info et .biz et il en profite pour acheter britiliens (au pluriel) dans toutes les extensions courantes. Il achète en outre bretillien, bretilliens, bretilien, bretiliens, britillien, britilliens, britilien, britiliens… ainsi que haut-breton, haut-bretons, hauts-bretons, hautbreton, hautbretons, hautsbretons (au masculin, singulier et pluriel) dans toutes les extensions courantes (soit : .fr, .com, .org, .info, .net, .biz, .xxx, .eu).

Le jeudi 20 juin 2013 : le Conseil général adopte le nom Bretillien, renonce à consulter les habitants, et dépose la marque de son joujou à l’INPI

Le jeudi 20 juin 2013 : Nicolas Roberti achète en soirée le pluriel breizhilliens.fr, les variantes breizhillois.fr et breizhillois.com ainsi que les féminins, bretilliennes.fr, bretilliennes.com, bretiliennes.fr, bretiliennes.com, et même britilliennes.fr

Le vendredi 21 juin 2013 : c’est l’été… Benjamin Tricault (Avenue du Web) achète les féminins bretillienne.fr et bretillienne.com

Le jeudi 27 juin 2013 : le Conseil général achète les féminins : bretillienne et bretilliennes, ainsi que bretiliennes dans les extensions restantes (merci à Nicolas Roberti et à Benjamin Tricault) mais aussi  bretilienne dans toutes les extensions (c’est-à-dire : .fr, .com, .org, .info, .net, .biz, .xxx, .eu).

Maintenant on va compter.

Tiens, aujourd’hui, je trouve 130 noms de domaine acquis par le Conseil général pour cette histoire de gentilé… c’est davantage que la dernière fois, mais je me suis peut-être trompé ou j’en oublie peut-être encore ?   😉

Je compte sur vous pour me corriger.

Il suffit de reprendre tout au début, en ne pensant plus qu’aux « l », aux « s », aux « – », aux « e » et aux accords… c’est fastoche.

NB : l’affaire a dû coûter quelques gallecos… c’est vrai, mais n’oublions jamais que derrière tout ça, comme toujours en Ille-et-Vilaine…  il doit y avoir une politique innovante qu’il est possible que l‘on nous envie dans tout le reste du monde, et en tous cas au moins jusque dans le Golfe persique.

  • Le grand luxe…
    Les émirats…
    Et pour certains domaines, le registrar a une belle adresse :
    Namebay
    Namebay SAM
    30 bld Princesse Charlotte
    98000 Monaco
    Monaco

    Ce qu’ils font, c’est carrément du cybersquatting, et est-ce légitime ?
    Ils n’ont rien fait contre le typosquatting ?

  • Tu auras remarqué que la plupart des noms sont déposés (à tort) par le Conseil général (une survivance de vieilles pratiques : le Conseil général se prenant pour le Département), mais qu’il en est ( en .fr j’en suis sûr, et je crois bien en .eu) qui sont déposés au nom du Département, c’est-à-dire de la Collectivité territoriale.

    Pour mémoire, c’est le nom de la collectivité et lui seul qui est protégé par le droit des marques et celui des noms de domaines : ici, Ille-et-Vilaine.

    C’est clair que lorsque l’Ille-et-Vilaine choisit comme marque territoriale Haute-Bretagne ou comme gentilé Bretillien, ces protections ne sont plus assurées.

    D’où des acrobaties et des coûts associés…

    Tiens, deux références intéressantes :

    http://www.seban-associes.avocat.fr/fichiers/pub_mky.pdf
    http://www.village-justice.com/articles/collectivites-territoriales-droit,15138.html

    en n’oubliant pas que les juristes ont tout intérêt à mettre en exergue plus de problèmes qu’il y en a pour pouvoir ensuite contribuer à les résoudre à prix d’or.

  • J’ai corrigé une petite erreur sur l’intervention de la 5ème commission (en vert)

  • Benjamin Tricault

    J’aime beaucoup le déroulement. A noter que je n’ai absolument pas fait ça dans un but de faire du profit (je ne suis pas sûr de toute façon que la marque « brétillien » ait un gros potentiel). Je voulais juste remonter l’info à qui de droit, qu’il aurait été bon de déposer les féminins des noms de domaine et de se protéger complètement. Puis après les avoir déposés, j’ai un peu oublié et c’est par hasard que je tombe sur ce post. Mais je les rendrais avec plaisir et gratuitement au département.

Tous commentaires ici bienvenus de la part des personnes assumant leur identité